CONNU depuis l’Antiquité, le verre joue à chaque cuisson son destin. Venise saura y trouver sa voie. Au XIIIe siècle, les verreries quittent la ville pour l’île de Murano, à cause des risques d’incendie et pour mieux garder les secrets de fabrication. Des maîtres verriers d’alors, sept dynasties sont encore en exercice.
L’arrivée des artisans du verre islamique, après la prise de Constantinople en 1453, associée à la nouvelle esthétique de la Renaissance, fait de Venise, pour deux siècles, la capitale du verre. Les innovations techniques se succèdent. Après la transparence pour obtenir le fameux cristal, les effets chromatiques sont permis par le verre filigrané. Il est craquelé après être plongé à chaud dans l’eau glacée, opalescent après un traitement à l’acide, blanc pour imiter la porcelaine, gravé à la pointe de diamant pour reproduire les armoiries et décorer les miroirs. On cherche de nouvelles couleurs (bleu paon), de nouveaux motifs apparaissent avec le verre émaillé, qui permet la reprise de compositions des artistes contemporains, Raphael, Piero de la Francesca.
Au XVIe siècle, ce luxe attise la convoitise des Médicis, qui font venir à Florence quelques maîtres. Publication des secrets de fabrication, nouvelles couleurs (vert émeraude), nouveaux modèles sertis de métal précieux. Mais Murano profite au XVIIe du nouveau goût baroque pour reprendre sa place avec des formes tourmentées et des apparences nouvelles (pierre de lune pour les tasses à chocolat). Nouveau défi au siècle suivant, le succès du verre de Bohème, relevé avec des lampes zoomorphes, des vases aux anses polychromes et des surtouts de table inspirés de jardins à l’italienne. Au XIXe, ce sont les émaux de verre coloré des dessus de table (bureau de Napoléon à Fontainebleau), les bijoux qui imitent les pierres précieuses et une production industrielle.
L’art du XXe siècle voit le renouveau des verreries, Art nouveau, Art déco, jusqu’à l’arrivée de Peggy Guggenheim à Venise, dans les années 1950, qui entraîne dans son sillage des artistes à la recherche de nouveaux supports (César, Fontana). Mouvement qui se prolonge aujourd’hui avec Hatoum, Othoniel, Pérez, Shen Yuan, certains d’entre eux ne voulant plus utiliser que le verre. La maîtrise technique développée au cours des siècles et son adaptation aux différents enjeux de la création ont assuré à Murano une réputation inégalable.
Musée Maillol - Fondation Dina Vierny (59-61, rue de Grenelle, 7e, tél. 01.42.22.59.58, www.museemaillol.com), tous les jours, y compris les jours fériés, de 10 h 30 à 19 heures, le vendredi jusqu’à 21 h 30. Jusqu’au 28 juillet.
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