COMMENT les artistes français et indiens contemporains perçoivent-ils l’Inde ? Près de 150 plasticiens de toutes disciplines répondent à cette question à travers des regards portant à la fois sur la politique, la religion, la démographie, l’urbanisme, la sexualité… Ils rendent compte de la singularité de l’Inde, la plus grande démocratie du monde. La plupart des artistes français invités dans l’exposition se sont rendus pour la première fois en Inde à l’occasion de ce projet. L’exposition, foisonnante, a été pensée par des historiens de l’art, des commissaires indiens, des sociologues, des politologues, des philosophes, des anthropologues des deux pays. Le résultat est un grand laboratoire de formes et d’idées, de concepts et de trouvailles, miroir de la mondialisation artistique.
Avec son installation Ali Baba, Subodh Gupta empile une multitude de piles de vaisselle en inox, qui rappellent les bazars indiens. La vidéo d’Ayisha Abraham est réalisée quant à elle à partir d’archives de films amateurs tournés dans les années 1950-1970, qui montrent la vie privée des classes moyennes indiennes. Elle est complétée par les photos d’Atul Bhalla montrant des pani wallas (des marchands d’eau), par le film d’animation de Sarnath Banerjee sur la faim en Inde, ou par les peintures ultraréalistes de N.S. Harsha, sur la vie quotidienne dans son pays. Riyas Komu a sculpté 11 paires de jambes de footballeurs dans du bois, symbolisant une équipe nationale. Sheela Gowda a fabriqué une guirlande de galettes de bouse de vache, animal sacré en Inde, enduites de kumkum (pigment vermillon), tandis qu’Hema Upadhyay a reproduit le bidonville de Dharavi à Bombay, à partir de matériaux récupérés.
Les artistes français ne sont pas moins inventifs et leurs visions de l’Inde sont tantôt décalées, tantôt poétiques, tantôt engagées. Pierre & Gilles présentent de nouvelles photographies peintes dans un style kitsch et très bollywoodien. Kader Attia filme une communauté du troisième sexe en Inde, les hijras. Orlan fabrique des drapeaux, moitié indiens, moitié français, avec des paillettes scintillantes. Les images d’Alain Bublex montrent des détails glanés dans les rues de Delhi. Jean-Michel Othoniel présente une sculpture-instrument de musique, inspirée par l’Inde, où l’artiste a résidé dans un village de verriers.
On pourrait continuer longtemps à énumérer ces œuvres contemporaines, profondément inscrites dans leur époque, et qui renvoient aux grandes thématiques propres à l’Inde : la violence de son Histoire, la condition de l’homme, la société en mutation, le poids des traditions, les religions…, bref, des sujets essentiels que l’art contemporain sait parfois soulever avec puissance.
« Paris-Delhi-Bombay », Centre Pompidou, tél. 01.44.78.12.33. Tlj sauf mardi, de 11 à 21 heures. Jusqu’au 19 septembre. Catalogue, éd. du Centre Pompidou, 364 pages, 49,90 euros.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série