Dopage chez les sprinteurs

L’hormone de croissance, ça marche

Publié le 06/05/2010
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Crédit photo : AFP

LES TRAVAUX ont été financés par l’Agence mondiale antidopage (AMA), qui, en dépit de l’inscription de l’hormone de croissance (HG) sur la liste des produits interdits, soupçonne son utilisation chez les athlètes de haut niveau. Les résultats sont les premiers à montrer « une amélioration significative des capacités des sprinteurs de 4 %, soit 0,4 seconde sur une course de dix secondes. C’est suffisant pour transformer le dernier des athlètes en vainqueur de la médaille d’or olympique », explique le Pr Ken Ho, l’un des auteurs de l’étude, directeur de recherche au Garven Institute of Medical Research à Sydney (Australie).

L’équipe australienne a réalisé une étude contrôlée en double aveugle chez 96 sportifs amateurs (63 hommes et 33 femmes), âgés en moyenne de 27 ans, qui ont reçu pendant 8 semaines : soit de l’hormone de croissance soit un placebo pour les femmes ; soit de l’hormone de croissance, soit de la testostérone, soit une association des deux, soit un placebo pour les hommes.

Masse maigre, masse grasse.

La prise de produits, hormone de croissance ou testostérone, a induit une augmentation de la masse maigre, une diminution de la masse grasse, une élévation de l’eau extracellulaire et de la masse musculaire. L’effet était encore plus significatif lorsque les deux drogues étaient associées, la testostérone semblant agir plus significativement sur la masse musculaire tandis que l’hormone de croissance modifie l’eau extracellulaire.

Sur le plan de la performance, l’hormone de croissance n’a eu aucun effet sur l’endurance, la force ou la puissance des sportifs. Seules les capacités anaérobies étaient meilleures, un effet qui disparaît six semaines après l’arrêt du traitement.

Selon le Pr Ho, l’hormone de croissance ne permet sans doute pas d’augmenter les performances dans toutes les disciplines : « Je ne pense pas qu’elle puisse aider un rameur ou un haltérophile », explique-t-il. En revanche, la course à pied ou la natation pourraient être touchées. Le chercheur souligne que les doses utilisées dans l’étude étaient bien en deçà de ce qui peut être pratiqué chez des athlètes de haut niveau. Des doses plus élevées et administrées plus longtemps pourraient aussi améliorer les capacités aérobies et donc la force et la puissance. D’autres études seraient nécessaires.

L’hormone de croissance est encore difficile à détecter lors des contrôles antidopage et peu de sportifs ont été déclarés positif à ce produit. Le cas du joueur de rugby anglais Terry Newton sanctionné de deux ans de suspension en février dernier reste à ce jour une exception.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8766