Le suicide est un problème, mais aussi un mystère. Curieux début pour un travail de sciences sociales. L’auteur, qui se fait ethnologue, a consulté l’ethnographie d’une tribu géographiquement morcelée des Philippines, les Palawans. Les facteurs culturels généraux n’expliquent pas que le groupe habitant une certaine vallée ait un très fort taux de suicide. Même si Fabrice Jollant suggère une réponse qui n’aurait plus déplu à Émile Durkheim : ce groupe est très isolé.
Le suicide, ses causes, ses statistiques, fut longtemps l’apanage d’une lecture sociologique. Le célèbre ouvrage de Durkheim, « le Suicide » (1897) relie le phénomène à la faible intégration dans le groupe. Plus récemment, Jean Baechler montra la complexité du fait en l’affublant d’un pluriel, avec « les Suicides » (1975). On ne sera pas surpris qu’un psychiatre opte résolument pour l’étiologie la plus proche de sa boutique. Fabrice Follant écrit sans hésitation : « Les études suggèrent que la grande majorité des personnes qui se suicident, et dans une moindre mesure celles qui tentent de se suicider, souffrent au moment de leur acte d’une maladie mentale. » Ce facteur est un élément « quasi nécessaire ».
Ceci conduit l’auteur à mettre en lumière, d’une part une personnalité particulière au candidat au suicide, dont l’élément central est la vulnérabilité. D’autre part à cibler avec précision l’entrée dans la crise suicidaire qui va conduire de la pensée à l’éventuel acte.
Rupture d’équilibre
C’est avec un grand soin que Fabrice Jollant analyse ces éléments. Il relie en particulier la vulnérabilité au surgissement d’une rupture d’équilibre. L’acte suicidaire est une réponse à une homéostasie (tendance d’un organisme à conserver son équilibre) qui serait perdue. Une rupture d’équilibre qu’accompagnent bien sûr une douleur morale intense, un état dépressif. Comme si, paradoxalement, le suicide était la solution de cet état insupportable, la seule manière d’y mettre fin.
Le psychiatre est bien loin, on le voit, de prendre des distances par rapport à la psychogenèse. Tout au contraire, il met en lumière la fréquence de maltraitances dans l’enfance. Il insiste cependant sur la génétique. La vulnérabilité suicidaire fait le lien avec notre histoire familiale et biologique dans son rapport avec l’environnement, d’où l’appel au concept d’héritabilité.
Un livre clair, documenté, très pédagogique, qui témoigne d’un auteur plein de savoir-vivre.
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