Écrivain (« la Mauvaise vie ») mais aussi homme de cinéma, de radio et de télévision, Frédéric Mitterrand a donné sa vision du poste de ministre de la Culture et de la Communication, qu’il a occupé de 2009 à 2012, dans « la Récréation ». Dans « Une adolescence » (1), ses souvenirs le ramènent à sa jeunesse dans les années 1960, du retour de de Gaulle en 1958 jusqu’à son dernier discours en 1969, la veille du référendum qui a entraîné son départ. Issu de la bourgeoisie du 16e arrondissement de Paris, le jeune Frédéric était alors partagé entre son admiration pour le Général et… l’égal enthousiasme qui le portait vers son oncle François et ses idées de gauche. Pour échapper à ce dilemme et alors qu’il étudie au lycée Janson-de-Sailly, il se réfugie dans la lecture des grands écrivains et dans les cinémas. Se dessine par petites touches le portrait de l’homme singulier qu’il deviendra.
Anne Bragance est une jeune septuagénaire qui a écrit des nouvelles et une trentaine de romans, dont le fameux « Anibal », une battante qui ne s’en est jamais laissée conter (après avoir servi de nègre dans l’écriture de « la Nuit de sérail », elle a finalement été reconnue coauteur du best-seller) et qui joint l’action à la parole. Exemple, « Remise de peines » (2). Une fiction dans laquelle un adolescent décidé à tuer le prochain homme qui frappera sa mère, dévie sa colère en s’investissant dans un projet qui a cours au Brésil, qui permet aux détenus, chaque mois où ils lisent un livre et en font un résumé, de bénéficier d’une remise de peine de quatre jours. Il y a un an, Anne Bragance a défendu cette cause au ministère de la Justice et a voulu tester le projet à la prison d’Avignon. Elle s’est heurtée au refus des juges d’application des peines. Son livre à deux voix, celle de la mère et celle du fils, est aussi un émouvant plaidoyer pour les femmes battues, qui peinent à scier les barreaux de la prison où elles s’enferment.
Road-movie
Connu pour ses thrillers et romans ésotériques (« le Syndrome Copernic », « l’Apothicaire ») et pétri de culture américaine, Henri Lœvenbruck nous entraîne dans un road-movie exalté qui rend hommage à l’amitié et à la moto, dont il est un aficionado. « Nous rêvions juste de liberté » (3) est l’histoire d’une bande de copains d’un lycée de Providence, qui fuient leur petite ville tranquille pour traverser les États-Unis à moto et chercher l’aventure. Une équipée et une amitié qui vont s’étioler au fil du temps, tandis que les idéaux de fraternité et de liberté perdent de leur force, jusqu’à s’éteindre dans un tragique dénouement. Pour rencontrer ses lecteurs, l’auteur effectuera en mai une tournée des libraires de plus de 2 600 km en moto, accompagné de deux autres bikers.
« À la mesure de nos silences » (4) est également construit comme un road-movie, cette fois sur les routes de France, jusqu’à Villefranche-de-Rouergue, après qu’un vieil homme est sorti de son isolement volontaire pour y emmener son petit-fils qui est près de lâcher ses études. En brossant le portrait croisé d’un octogénaire qui n’a plus goût à rien et d’un adolescent qui n’a aucun appétit pour la vie, Sophie Loubière (« l’Enfant aux cailloux ») esquisse un jeu de miroir entre deux générations que tout oppose. En même temps qu’ils apprennent à se connaître, ils nous conduisent à la découverte d’un épisode méconnu de la Deuxième Guerre mondiale, la révolte des soldats musulmans d’un bataillon de la 13e division SS embrigadés et sacrifiés.
Matthew Quick est l’auteur américain de plusieurs romans à succès, parmi lesquels « The Silver Linings Playbook »(porté à l’écran sous le titre « Happiness Therapy »). « Pardonne-moi, Leonard Peacock » (5) se déroule le jour du 18e anniversaire du jeune homme. Un jour très particulier, car il a décidé de tuer son ex-meilleur ami puis de se supprimer avec le P38 ayant appartenu à son grand-père. Mais avant, Leonard tient à faire ses adieux à quatre personnes qui ont compté pour lui : la fille du pasteur dont il est amoureux, un camarade de classe violoniste virtuose, un voisin obsédé par Humphrey Bogart et Herr Silverman, qui enseigne l’histoire de l’Holocauste au lycée. Quatre rencontres, l’arme toujours à la main, qui sont pour lui l’occasion de dévoiler progressivement ses souffrances, avant l’ultime secret qui motive son geste criminel.
Mal-être
La détresse et la révolte se déclinent aussi au féminin. La jeune auteure berlinoise Stephanie de Velasco évoque dans « Lait de tigre » (6) le mal-être des filles qui habitent dans un quartier pauvre de Berlin. Elles sont deux copines de 14 ans inséparables, des gamines livrées à elles-mêmes, perdues au milieu des tours où se côtoient toutes les nationalités, qui se construisent un monde avec leurs propres lois et se croient invincibles. L’alcool – le fameux cocktail appelé lait de tigre –, la drogue, la drague, le sexe sont leur quotidien mais c’est la violence qui aura raison de leur amitié. Un premier roman d’apprentissage à la fois cru et tendre, salué comme une révélation littéraire.
Dans « les Corps inutiles » (7), Delphine Bertholon (« Twist », « Grâce ») s’attache à une jeune femme hantée par une tentative de viol dont elle a été victime dans son adolescence et qu’elle a toujours tue. L’histoire de Clémence se déroule en alternance, racontée à la troisième personne lorsque, au lendemain de ses 15 ans, un inconnu armé d’un couteau a mis fin à l’âge de l’innocence, et à la première personne lorsqu’elle est devenue, à 30 ans, une femme seule et solitaire, qui a perdu le sens du toucher et travaille dans une usine de poupées gonflables. Pourquoi la jeune fille n’a-t-elle jamais osé parler de l’agression à sa famille et à ses proches ? Et comment, dans ces conditions, assumer les conséquences, physiques et psychologiques, d’un tel traumatisme ?
(2) Mercure de France, 199 p., 15,80 euros.
(3) Flammarion, 421 p., 21 euros.
(4) Robert Laffont, 313 p., 16,90 euros.
(5) Fleuve , 299 p., 17,90 euros.
(6) Belfond, 321 p., 20,50 euros.
(7) JC Lattès, 353 p., 19 euros.
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