NÉ À MOSCOU dans la bonne société, Serge Poliakoff est le 13e de 14 enfants et son père élève des chevaux pour le Tzar. Une famille joyeuse d’origine kirghize, dans laquelle la musique tzigane est très présente. Une famille religieuse aussi, qui lui fait découvrir la magie des icônes dans les églises où sa mère l’emmène tous les jours. Lorsqu’il quitte seul la Russie à la Révolution, c’est la guitare qui assurera sa survie, dans une vie d’errance et à Paris, où il arrive en 1923, dans les cabarets russes. En 1929, il décide d’être peintre et étudie à la Grande Chaumière et à Londres, où il découvre l’art abstrait et les couleurs des sarcophages égyptiens. En 1939, Kandinsky, en voyant ses premières toiles abstraites, s’exclame : « Pour l’avenir, je mise sur Poliakoff. » Il expose alors chez Denise René, Dina Verny, rencontre les Delaunay et Otto Freundlich, dont il s’inspire pour l’agencement de forme modulaire. Dix ans plus tard, le succès est au rendez-vous et il abandonne son métier de guitariste.
L’exposition retrace sa recherche soutenue de formes et de couleurs. Elle démontre que, contrairement aux apparences, il n’a pas peint pendant vingt ans le même tableau de plans colorés imbriqués, alors qu’il disait lui-même : « Un tableau, trois tableaux, mille tableaux, c’est la même chose. » Son travail sur la matière superpose des couches de pigments broyés purs de teintes différentes. Il joue sur les transparences de plusieurs couches de pâte mince, réservant parfois au centre les couleurs vives. Les formes géométriques sont rigoureusement pensées et agencées selon le nombre d’or, à la recherche de proportions idéales. Parfois concentrées autour d’un pivot central, elles semblent contenir l’énergie des autres blocs. À la fin de sa vie, les compositions du peintre sont plus radicales, souvent binaires sur fond sobre.
L’espace est ainsi physique, sensuel et mental. Pour lui, « quand un tableau est silencieux, cela signifie qu’il est réussi ». Il s’approche ainsi de l’image divine de sa jeunesse, qu’il voulait peindre.
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (11, avenue du Président-Wilson, 16e, tél. 01.53.67.40.00, www.mam.paris.fr), du mardi au dimanche de 10 à 18 heures, le jeudi jusqu’à 22 heures, fermé les jours fériés. Jusqu’au 23 février.
Et aussi, au musée Maillol (59/61, rue de Grenelle, 7e, tél. 01.42.22.59.58, www.museemaillol.com), les gouaches de 1948 à 1969, tous les jours sauf les 25 décembre et 1er janvier, de 10 h 30 à 19 heures, vendredi jusqu’à 21 h 30. Jusqu’au 9 février.
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