LE NOM de certaines villes colle à la peau des mouvements picturaux qui y ont vu le jour. La Renaissance et Florence. La Sécession et Vienne. L’action painting et New York. De même l’impressionnisme et Paris. Au milieu du XIXe siècle, la capitale, fraîchement transformée par les travaux du baron Haussmann voulus par Napoléon III, séduit de plus en plus les artistes, avec ses larges boulevards, ses bois et squares ombragés, ses immeubles nouveaux, ses cafés-concerts... Paris devient l’un des plus importants foyers des débuts de l’impressionnisme. Ce n’est sans doute pas un hasard si les artistes attirés par ce mouvement qui libérait la peinture de sa rigidité et privilégiait la sensation, trouvèrent dans cette ville un cadre idéal, aussi bien pour la qualité de sa lumière que pour la beauté de ses monuments et pour l’animation des rues, des quais, des places.
La vie de Jongkind, Manet, Degas et Renoir, pour ne citer qu’eux, est ainsi indissociable de Paris. Les peintres se font chaque jour les témoins d’une époque en pleine mutation. Ils peignent l’agitation des boulevards, les ponts et les chemins de fer, les petits métiers, les promenades, les édifices parisiens, les grands magasins, les courses hippiques et les jeunes femmes qui y paradent dans de gracieuses toilettes. Toute cette vie grouillante et moderne est prétexte pour eux à laisser libre cours au pinceau pour figurer le mouvement, les sensations, les variations.
Lumières et ombres.
Monet s’attache à montrer l’évolution de la ville et réalise les séries du chemin de fer de Saint-Lazare, où se lit toute « la poésie des gares », comme l’écrit Zola. Vuillard, familier du quartier des Batignolles et de l’Ouest parisien, peint le Métropolitain, la station Villiers. Dans sa somptueuse série des « Jardins publics », il parvient à capter les tendres oscillations de l’atmosphère, les « sursauts magiques de la lumière ». Le peintre italien Giuseppe De Nittis, « le vrai et le talentueux paysagiste de la rue parisienne », comme le définissait Jules de Goncourt, promène quant à lui son pinceau léger sur les boulevards de la capitale. Bonnard se passionne pour les fiacres et les omnibus. Pissarro, Steinlen, Toulouse-Lautrec et Van Gogh posent leurs chevalets à Montmartre et livrent de singulières visions de l’esprit « canaille » et bohème de ce « village » parisien. Mais Paris, ce sont aussi les disparités sociales, la pauvreté, la répression de la Commune... Dans un style naturaliste, réaliste, plusieurs artistes tels Gustave Doré, Puvis de Chavannes, Maximilien Luce mettent leur art au service des humbles, de l’injustice, de la misère.
Paris enchante les artistes et les charme. Ils ne se lassent pas de la célébrer et adoptent une nouvelle manière pour représenter la vie urbaine. Ces toiles des « peintres de la vie moderne » livrent un portrait animé, dynamique, intense, profondément renouvelé de la capitale.
Hôtel de Ville. Salle Saint-Jean. Tlj sauf dimanche, de 10 à 19 heures. Entrée libre. Jusqu’au 30 juillet. Catalogue, éd. Skira Flammarion, 192 p., 35 euros.
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