LE ROMANTISME noir, c’est la peur, l’irrationnel, l’excès, l’occulte, opposés à la rationalité du siècle des Lumières. Ce terme, dû à l’historien Mario Praz au XIXe siècle, donne un sens à la part d’ombre de la littérature et des arts des années 1770 jusqu’au symbolisme avec des prolongements surréalistes.
Tout commence en Angleterre avec la littérature, Milton et Shakespeare et leurs mondes de Satan, sorcières et pulsions refoulées qui enchantent Füssli (« le Cauchemar ») et Blake.
En France, l’enfer de « la Divine Comédie » de Dante prend le relais pour le romantique Delacroix (« Barque de Dante ») et l’académique Bouguereau (« Dante et Virgile aux Enfers »). Les valeurs morales sont transgressées avec Médée l’infanticide et le cannibalisme (« le Radeau de la Méduse » de Géricault). Les diables hideux de Victor Hugo s’attaquent à la vertu de jeunes filles pures. Goya, lui, passe des superstitions de la culture populaire (« Caprices ») à l’horreur des massacres de l’Empire (« Désastres de la guerre »).
Le paysage n’échappe pas à la recherche d’émotions fortes. Déchaînement de la nature des Anglais John Martin et Samuel Colman ou calme oppressant de Friedrich (« Rivage avec la lune cachée par des nuages »).
Les symbolistes regardent les mythologies méditerranéennes. Le Sphinx inspire Munch et Stuck et la femme prend pour eux une place de choix. De démoniaque, avec Persée (Lévy-Dhurmer, Böcklin) et Salomé (Gustave Moreau), elle devient fatale, avec Salammbô, Cléopâtre et Ève. La sorcière qui révèle la nature inspire les sculpteurs (Heine, Carriès) et la mort ressurgit avec force de squelettes et danses macabres. Mais le trouble apparaît aussi où on ne l’attend pas, à Ostende et Bruges pour Spilliaert et Khnopff et dans les intérieurs de Bonnard et Ensor.
Après les atrocités de la première guerre mondiale, les surréalistes plongent dans l’imaginaire inquiétant de l’inconscient, Hans Bellmer avec ses poupées, Max Ernst dans les forêts.
L’art est ici au cœur de la création littéraire, des courants de l’histoire et des angoisses de l’homme. Dans une grande diversité, la création, l’imaginaire et les fantasmes se trouvent réunis pour illustrer ce romantisme noir qui se prolonge au cinéma avec Frankenstein, Faust, Dracula et dans les jeux vidéos.
Musée d’Orsay (tél. 01.40.49.48.14, www.musee-orsay.fr), tous les jours sauf le lundi, de 9 h 30 à 18 heures, le jeudi jusqu’à 21 h 45. Jusqu’au 9 juin.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série