Célébré dès ses débuts par Diderot pour sa « poétique des ruines », Hubert Robert (1733-1808) est un homme des Lumières, cultivé, aimable, qui traverse avec succès pendant cinquante ans tous les régimes, de Louis XV à Napoléon Ier.
Hubert Robert étudie l’architecture antique à Rome alors que Pompéi sort de ses ruines et que l’archéologie devient une science. Très lié à Fragonard, qui lui apporte sa grande maîtrise de la couleur, et inspiré par les peintres d’architecture Pannini et Piranese, il choisit, en dessinateur d’exception, des visions décalées pour des monuments reproduits avec beaucoup d’exactitude, qu’il place avec poésie dans des saynètes de fantaisie.
Dès son retour à Paris, en 1766, le peintre est admis à l’Académie et participe aux salons, où la société française se prend d’« anticomanie ». Réflexion sur le temps autour de « l’Obélisque brisé » et des jeunes filles qui l’encerclent dans une ronde infinie, et humour lorsque le cheval de l’empereur Marc-Aurèle est relié au portique par une corde à linge.
Le sublime – « l’horreur délectable » selon Edmund Burke – est à la mode. Rejet de la beauté classique et place aux émotions, l’occasion pour Hubert Robert de réaliser de très grands formats, comme « l’Incendie de Rome » et « les Cascades de Tivoli », sans négliger les scènes de genre plus intimes, le dessin de meubles et de bibelots. Il est le décorateur le plus en vogue de la fin du XVIIIe siècle, conçoit des jardins pour le roi à Versailles et au château de Méréville ainsi que des intérieurs (« les Antiquités de la France », au château de Fontainebleau).
Très attaché à Paris, sa ville natale, Hubert Robert en fait, en homme de son temps, des tableaux d’actualité, comme « l’École de chirurgie en construction » ou « la Démolition des maisons du pont Notre-Dame ». À ses talents s’ajoute le sens de l’histoire. Il réalise « la Bastille dans les premiers jours de la destruction » en 1789 puis témoignera de la vie carcérale après avoir connu en 1793-1794 les prisons de Sainte-Pélagie et de Saint-Lazare, en raison de « son incivisme reconnu, ses liaisons avec les aristocrates ».
Garde des Tableaux du roi à la fin des années 1770, il préfigure le Museum national des arts, futur musée du Louvre, dont il sera conservateur après 1795. Ses deux chefs-d’œuvre de 1796, « Vue imaginaire de la Grande Galerie du Louvre en ruines » et « Projet pour la transformation de la Grande Galerie » sont emblématiques de son œuvre et de l'aspect visionnaire de celle-ci, car sa grande galerie, avec la lumière zénithale, les colonnes et les niches, sera réalisée au XIXe siècle.
Un contemporain, Jean-Baptiste Huet
En contrepoint de cette très belle exposition, il est intéressant de voir aussi, au musée Cognacq-Jay, celle consacrée à son contemporain Jean-Baptiste Huet (1745-1811), comme lui membre de l’Académie, présent dans les mêmes salons et grand décorateur. Il est moins connu, car il se consacre à la commande privée, avec des représentations d’animaux, de la nature et des visions pastorales. C’est avec ces dernières qu’il collabore pendant 30 ans avec la Manufacture de Jouy et que les fameuses toiles relatent encore aujourd’hui l’art des Lumières.
La semaine du dessin
Et aussi cette semaine, à Paris, anniversaires et rendez-vous pour les amateurs et collectionneurs de dessins. Le Salon du dessin célèbre ses 35 ans au Palais Brogniart, avec 39 galeries internationales et un invité prestigieux, le musée Pouchkine (jusqu'au 4 avril). Drawing Now, spécialisé dans le dessin contemporain, fête ses 10 ans au Carreau du Temple jusqu'au 3 avril. Les galeries et les musées emboîtent le pas. À voir à l'École des Beaux-Arts une sélection de portraits jusqu'au 15 avril.
– Hubert Robert, musée du Louvre, tous les jours sauf le mardi de 9 à 18 heures, mercredi et vendredi jusqu’à 21 h 45. Jusqu'au 30 mai. Tél. 01.40.20.53.17, www.louvre.fr.
– Jean-Baptiste Huet, musée Cognacq-Jay, tous les jours sauf le lundi de 10 à 18 heures. Tél. 01.40.27.07.21, www.museecognacqjay.paris.fr.
– www.salondudessin.com, www.drawingnowparis.com et www.beauxartsparis.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série