Autodidacte, Henri Rousseau commence à peindre à 40 ans, après avoir travaillé à l’octroi de Paris, ce qui lui vaudra son surnom de douanier. Il s’attache à garder l’originalité de sa technique par « un travail opiniâtre ». Retranscription sur la toile d’une image mentale, avec un dessin précis, repris souvent de photos, personnages figés de manière frontale, liberté vis-à-vis de la perspective, le tout contribue à donner une impression d’étrangeté.
Présentée par thèmes, l’exposition, sous-titrée « l'Innocence archaïque », propose un va-et-vient entre les sujets de prédilection de l'artiste et le regard de ses contemporains. Le portrait-paysage (« Moi-même. Portrait-paysage »), qu’il croit inventer, est inspiré de ceux de la Renaissance. Mais il introduit la modernité, avec la Tour Eiffel ou des tours d’usine ; Fernand Léger s’en inspire dans « le Mécanicien ». Picasso achète chez un brocanteur une de ses femmes monuments, massives et sculpturales, sur fond plat, qu’il installe au Bateau-Lavoir. Les portraits d’enfants expriment solitude et étrangeté avec leur regard d’adulte. « L’Enfant à la poupée », assis de face, sans cou, avec les jambes de profil, tient une poupée masculine qui inspire Picasso et l’italien Carlo Carrà.
Il y a aussi une recherche d’intemporalité dans ses natures mortes lyriques, qui inspireront Giorgio Morandi, et dans ses représentations irréalistes de la guerre, où, grâce à l’allégorie, il recherche le symbole. Les paysages et jungles créent un monde imaginaire. Les premiers, immobiles, silencieux, sans perspective, renvoient à un monde primitif et évoquent le Paradis perdu. Ils seront regardés par les surréalistes, Victor Brauner, Max Ernst, Paul Delvaux. Il est aussi pour Kandinsky la racine du nouveau réalisme et un précurseur du Blaue Reiter. Les jungles associent des visions fantastiques au réalisme des animaux, faisant dire à son ami Apollinaire que Rousseau est « le plus étrange, le plus audacieux et le plus charmant des peintres de l’exotisme ».
Apollinaire à l'Orangerie
Ce même Guillaume Apollinaire a eu entre 1902 et 1918 un rôle central comme poète-critique d’art, passeur des nouveaux courants artistiques. Ami de Matisse, Braque, Delaunay, Chirico et, bien sûr, de Picasso, il s’enthousiasme aussi bien pour les arts premiers et populaires que pour le cubisme. Acteur de la modernité, il trouve sa place, au musée de l’Orangerie, dont le fonds est constitué de la donation du marchand et collectionneur d'art moderne Paul Guillaume, qu’Apollinaire conseille après l’avoir introduit dans le cercle de ses relations. Une exposition intitulée « Apollinaire, le regard du poète ».
– Musée d’Orsay, tous les jours sauf le lundi de 9 h 30 à 18 heures, jeudi jusqu’à 21 h 45. Jusqu’au 17 juillet. Tél. 01.40.49.48.14, www.musee-orsay.fr
– Musée de l’Orangerie, tous les jours sauf le mardi de 9 à 18 heures. Jusqu’au 18 juillet. Tél. 01.44.77.80.07, www.musee-orangerie.fr
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