DEPUIS l’antiquité, le modèle est l’homme fort, viril, héroïque, archétype de la beauté idéale. Repris à la Renaissance et dans les classes des beaux-arts, il est la base de l’enseignement sur modèle vivant, tel le corps modelé et puissant du Patrocle de David. L’érotisme est présent, dès la sculpture antique : le faune endormi copié par Girardon, l’Oreste langoureux de Simart, les photos des années 1930 de Hoyningen Huene. Même les saints évoluent, Sébastien devient sensuel chez Reni et Gustave Moreau. Au cours du XIXe siècle naît une obsession du réel peut-être liée au regard médical porté sur le corps. Les chronophotographies de Muybridge et Marey ne font qu’exacerber ce souci de vérité. Delacroix travaille sur photo de nu et le sportif est valorisé dans les lutteurs de Falguière comme dans les trois hommes nus de « Vive la France », célébration de la Coupe du monde de football par Pierre et Gilles, très présents dans l’exposition. Ce réalisme aboutit à des nudités sans complaisance, le gros Balzac de Rodin, les corps décharnés du prophète Job de Bonnat, les autoportraits écorchés de Schiele, Lucian Freund, Bacon, jusqu’au plus vrai que nature du père décédé de Ron Mueck. Le jeune homme méditatif nu au bord de la mer de Flandrin n’est plus un héros, il communique avec la nature, tout comme les baigneurs de Cézanne et le pêcheur à l’épervier de Bazille. Les symbolistes, eux, s’orientent vers l’éphèbe.
De la sensualité au corps sexué, le pas est franchi au milieu du XXe siècle. Dans la suite de « l’Origine du monde » de Courbet, Orlan signe « l’Origine de la guerre ». Orlan est l’une des trois femmes présentes dans l’exposition, avec Louise Bourgeois et Nan Goldin, qui portent sur l’homme un regard critique.
Un constat : le corps réaliste a davantage choqué les publics au XIXe siècle que la représentation sensuelle d’Endymion dans son sommeil par Girodet en 1791 et celle des langoureux élèves de « l’École de Platon » de Jean Delville, œuvre commandée par la Sorbonne et achetée par l’État en 1912.
« Masculin/Masculin. L’homme nu dans l’art de 1800 à nos jours », musée d’Orsay (tél. 01.40.49.48.14, www.musee-orsay.fr), tous les jours, sauf le lundi, de 9 h 30 à 18 heures, le jeudi jusqu’à 21 h 45. Jusqu’au 2 janvier
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