Marseille : de Van Gogh à Bonnard
Lorsqu’il s’installe à Arles en 1888, Van Gogh rêve « d’un atelier du Midi ». Seul Gauguin répondra à son appel et le rêve s’achève avec une oreille coupée. Le premier recherche des sensations sur le motif, le second veut reproduire un sentiment poétique et ne fait que s’inspirer du paysage. Cézanne, qui veut « faire du Poussin d’après nature », à l’Estaque, de 1870 à 1885, peint en plein air sur les conseils de Pissarro mais s’éloigne de l’impressionnisme. Il simplifie les volumes et adapte sa matière (« Golfe de Marseille vu de l’Estaque »). En 1885, Renoir et Monet voyagent jusque vers l’Italie. Le premier est séduit par les tonalités chaudes et douces du Midi. Le second, venu sans enthousiasme, l’est par la végétation luxuriante. Renoir se fixe en 1902 à Cagnes, où il peint des paysages lumineux et des baigneuses cézanniennes, Monet repart en Normandie.
En 1892, le néo-impressionniste Signac débarque en bateau à Saint-Tropez avec Van Rysselberghe. Il réalise le rêve de Van Gogh d’amitié et de débats en accueillant Matisse, Valtat, Manguin, Camoin, Marquet, Denis. Nombre d’entre eux, à l’invitation de Matisse à Collioure en 1905, innovent avec les aplats du fauvisme, influencés par l’œuvre de Gauguin, découverte chez Maillol à Banyuls. Braque, à l’Estaque, délaisse la couleur au profit de la forme pour aboutir au cubisme tandis que Bonnard, de ses fenêtres du Cannet, développe à l’infini ses accords chromatiques face à la Méditerranée. La couleur est pour tous un nouveau moyen d’expression et l’exposition présente pour chaque lieu l’inspiration de chacun. Van Gogh-Gauguin, Monet-Renoir, Signac-Cross-Van Rysselberghe, Manguin-Derain-Dufy, Manguin-Camoin-Marquet et Matisse, pour lequel la lumière de Méditerranée a été une source d’inspiration constante.
Aix : de Cézanne à Matisse
Sur le même rivage méditerranéen, là où la lumière qui cisèle avait exalté la couleur et la forme, celle qui éblouit va mener à l’abstraction. Cézanne, en s’installant à Aix définitivement dans les années 1880, renouvelle l’art en se concentrant sur le motif, la montagne Sainte-Victoire, les baigneuses (« Sept Baigneurs »). Les facettes de sa touche deviennent cubes et cylindres, la couleur fluide et transparente.
Ses contemporains reprennent ses motifs. Maillol avec son « Monument à Cézanne ». Renoir, à Cagnes jusqu’à la fin de sa vie, dans une fusion du modèle avec le paysage. L’arbre devient sujet à réflexion, y compris pour Monet.
En 1907, Braque, qui, avec Dufy, Friesz, Derain, séjourne à l’Estaque, innove avec la simplification des formes par un cubisme coloré. Trois ans plus tard, ce cubisme sera analytique, sous l’influence de Picasso, qui travaille de l’autre côté des Pyrénées.
Après la rétrospective de Cézanne en 1907, le fauvisme de Matisse, Derain, Lhote se construit. Déjà, Matisse, avec « Porte-fenêtre à Collioure » (1905), tend vers l’abstraction en associant les espaces intérieur et extérieur. « Le Marocain debout en vert » (1912) devient, comme les figures de Cézanne, un archétype plus qu’un portrait. Dans les années 1920 à Nice, délaissant un style décoratif, Matisse associe dans un même tableau la frontalité du modèle et un violon en trois dimensions (« Femme au violon »). Cette recherche sur l’espace le conduira aux gouaches découpées.
Le Midi attire aussi les surréalistes, Picabia y innove sans cesse, Victor Brauner en voit la part sombre et Picasso, après avoir peint « Guernica » à Paris, en 1937, représente Lee Miller en Arlésienne, un portrait déconstruit et introspectif. À quelques jours d’intervalle, c’est dans un « Village méditerranéen » géométrique qu’il expose ses talents de coloriste. Miro en Espagne réagit aussi à la guerre d’Espagne par ses peintures sur Masonite, à la manière de l’action painting.
Les recherches sur l’abstraction se poursuivent dans le Midi bien après la guerre, avec André Masson, Tal Coat, Nicolas de Stael (« Port d’Antibes »), Dali (« La Pêche au thon »), mais la figuration demeure. Picasso, installé à Mougins, y célèbre Cézanne, « notre maître à tous ».
Marseille, musée des Beaux-Arts, Palais Longchamp (tél. 04.91.14.59.25, musee-des-beaux-arts.marseille.fr), de 9 à 19 heures, le jeudi de 12 à 23 heures. Aix-en-Provence, musée Granet (tél. 04.42.52.88.32, www.museegranet-aixenprovence.fr), de 9 à 19 heures, le jeudi de 12 à 23 heures. Jusqu’au 13 octobre.
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