Le dialogue des chefs-d’œuvre

L’IDÉE de décentraliser les grands établissements culturels parisiens est proposée par le ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon en 2003. La ville de Lens, sinistrée par la Première Guerre mondiale puis par la fermeture du bassin minier, est désignée après un concours auquel participent Arras, Calais, Boulogne-sur-Mer, Valenciennes et Amiens. Le cabinet d’architectes SANAA, alors peu connu et qui, depuis, a reçu le fameux Prix Pritzker, est choisi : séduit par la belle lumière du Nord, il présente une architecture de verre de d’aluminium qui épouse le sol, éclaire les œuvres et les réfléchit. Enfin, une nouvelle présentation, avec un parcours transversal, permet une vision globale de l’histoire de l’art.

Dans la Galerie du Temps, de 3 000 m², on va de – 3000 à 1850. Toutes les créations réalisées à un même moment dans les différentes civilisations voisinent en trois grandes parties, l’Antiquité, le Moyen Âge, les Temps modernes. La Grèce classique jouxte ainsi les empires pharaonique et perse. Peintures, sculptures, mosaïques… se répondent. Inutile donc de courir dans les différents départements des musées, les œuvres dialoguent entre elles en temps réel. À Lens, elles dialoguent aussi dans le temps, car la vision d’ensemble de cet espace unique permet d’appréhender des thèmes comme la représentation humaine, le pouvoir… Ainsi, 205 œuvres, qui seront renouvelées de 10 % tous les ans, présentent une histoire vivante et globale. Parmi elles, des chefs-d’œuvre tels que « la Liberté guidant le peuple » de Delacroix, « Baldassare Castiglione » de Raphael, « Saint Mathieu et l’Ange » de Rembrandt.

Dans la Galerie d’exposition temporaire, c’est la Renaissance dans sa splendeur européenne qui est présentée, autour de différents thèmes (la représentation de l’espace, la découverte de l’antique, le corps disséqué…). « La Sainte Anne » de Léonard de Vinci voisine avec « l’Arc de Maximilien » de Durer, magnifiquement reconstitué à partir de ses différentes feuilles, les portraits de Botticelli avec ceux de Cranach et Memling. Dans le Pavillon de verre, des expositions thématiques annuelles viennent en contrepoint de la Galerie du Temps.

Il est bien évident que la Région Nord-Pas-de-Calais, déjà riche de 49 musées, va être dynamisée par la présence du Louvre. Le Louvre y gagne aussi : sa présence à Lens lui permet de reconsidérer ses missions, de développer son rôle d’éducation artistique en s’ouvrant vers de nouveaux publics et en y associant la médiation. C’est également une manière d’interroger ses collections de musée national établies depuis 1793 dans un palais royal.

Ouverture le 12 décembre. Tous les jours sauf le mardi et le 1^ermai de 10 à 19 heures, jusqu’à 22 heures le premier vendredi du mois et de septembre à juin. Entrée gratuite jusque fin 2003 pour la Galerie du Temps et le Pavillon de verre ; 9 euros pour la Galerie d’exposition temporaire. Tél. 03.21.18.62.62. www.louvrelens.fr.