LA RESTAURATION récente du tableau du musée du Louvre, les études des dessins préparatoires et des copies d’atelier révèlent les étapes de sa conception et de son exécution. Les prêts exceptionnels du carton Burlington de la National Gallery de Londres et de 22 dessins appartenant à la reine d’Angleterre permettent, avec 130 œuvres, de suivre ce cheminement vers une recherche de tendresse et d’interaction entre les personnages.
Sainte Anne est représentée dans un paysage rocheux avec la Vierge Marie et l’enfant Jésus qui joue avec un agneau, symbole de son sacrifice à venir. Trois projets de cette scène trinitaire se sont succédé. Sur le premier, le carton Burlington, Jésus est sur les genoux de sa mère, bénissant saint Jean Baptiste, chargé d’annoncer sa venue. Dans le deuxième carton, connu par des copies d’atelier, Jean Baptiste est remplacé par l’agneau et Jésus se retourne en souriant vers sa mère pour la conforter, car elle semble vouloir l’empêcher de s’approcher de l’agneau ; sainte Anne retient la Vierge, la main toujours levée lui indiquant qu’il s’agit d’une volonté divine. Dans la dernière version, qui est apparue sous la couche picturale du tableau du Louvre, la Vierge semble accepter le destin tragique de son fils et sainte Anne n’a plus besoin de la retenir.
Nous sommes alors en 1506 et le tableau pourrait être destiné à Louis XII, roi de France, duc de Milan, pour son épouse Anne de Bretagne. Coiffures, draperies, rochers, paysages font l’objet de merveilleuses feuilles préparatoires, jusqu’au séjour de Vinci au Clos Lucé, où il est l’invité de François Ier. À sa mort dans son atelier, en 1519, le tableau est toujours inachevé, à côté de « la Joconde » et de « Saint Jean Baptiste ». « C’est sur ce panneau de bois de peuplier qu’il devait livrer la somme des études scientifiques qu’il avait menées tout au long de sa vie sur l’anatomie, l’expression, la perspective, la lumière, les mouvements de l’eau, la botanique ou la géologie, précise Vincent Delieuvin, commissaire de l’exposition. Mais cette "science de la peinture", comme il la dénommait, n’était pas le but final, seulement le moyen indispensable de comprendre le monde et d’en livrer une image parfaite, comme dans un miroir. » Ses contemporains les plus illustres, Raphael et Michel Ange, les artistes flamands, ne s’y sont pas trompés et elle a inspiré jusqu’à Delacroix, Redon, Manet. Freud a vu dans le drapé de la robe de la Vierge un vautour caché. La restauration du tableau lui redonne couleurs et volumes dans une perspective atmosphérique virtuose et préserve l’extrême sensibilité de la composition et des sentiments qui s’en dégagent.
« La Sainte Anne, l’ultime chef-d’œuvre de Léonard de Vinci », musée du Louvre (tél. 01.40.20.53.17, www.louvre.fr), tous les jours, sauf le mardi, de 9 heures à 17 h 45, les mercredi et vendredi jusqu’à 21 h 45, les samedi et dimanche jusqu’à 19 h 45. Jusqu’au 25 juin
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