LA PÉRIODE ne peut se résumer au travail solitaire de Picasso pour qui résister, c’est créer des portraits de femmes tordues par la douleur et des sculptures improvisées (« Tête de taureau »). Ni à ceux des maîtres confirmés, retirés dans le sud de la France, Matisse, Bonnard et Rouault. Ils sont pourtant, avec Braque, les références des « Jeunes peintres de tradition française », Villon, Bazaine, Lapicque, Manessier, Le Moal, qui résistent à leur manière avec des couleurs vives et des formes abstraites et dont certains feront le voyage en Allemagne et collaboreront avec l’association Jeune France. Il y a aussi les surréalistes qui s’exilent aux États-Unis et qui pressentent dès 1938, avec l’exposition internationale du surréalisme, le « sombre et l’étouffant ». Et il y a l’art officiel du musée national d’Art moderne, ouvert en 1942 avec des artistes strictement « français », laissant à la galerie Jeanne Bucher les exclus, Chirico, Kandinsky, Klee, Lanskoy, Laurens, Léger, Miró, Mondrian.
Et puis il y a la face cachée, ceux qui utilisent tous les moyens du bord, les solitaires dans leurs appartements comme Joseph Steib, qui peint l’Occupation au quotidien et prend pour cible Hitler. Ceux qui sont dans les camps, les premiers administratifs, créés dès novembre 1938, avec les républicains espagnols et les antinazis (Max Ernst, Bellmer), et les autres (Charlotte Salomon, Félix Nussbaum), qui sont l’antichambre de la déportation.
À la Libération, le premier Salon d’automne dont sont exclus les compromis, fait découvrir 100 œuvres créés depuis 1939, le « Charnier » de Picasso, « le Cirque » en papiers découpés de Matisse. À une décompression qui « purge le corps et l’esprit », avec Bissière, Buffet, Debré, Hartung, Soulages, de Staël, Ubac, Bryen, Fautrier, s’associe un renouveau de l’art sacré puis une période de révolte, avec Dubuffet, Chaissac, Michaux qui enquêtent sur les origines de l’art et valorisent ses autres formes, l’art naïf et celui des internés des hôpitaux psychiatriques.
Dans l’exposition, qui a obtenu des prêts exceptionnels, artistes consacrés ou anonymes exposent leurs convictions et leurs douleurs avec une extrême richesse et une grande émotion. Une nouvelle manière de relire l’histoire et d’appréhender l’art de la fin du siècle.
« L’art en guerre France, 1938-1947 - De Picasso à Dubuffet », musée d’Art moderne de la Ville de Paris (tél. 01.53.67.40.00, www.mam.paris.fr), du mardi au dimanche de 10 à 18 heures, le jeudi jusqu’à 22 heures. Jusqu’au 17 février.
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