AVEC LES MÊMES plume encre, lavis, gouache utilisés pour ses dessins noirs de sculpteur des années précédentes, Auguste Rodin veut saisir le mouvement et pratique le « dessin instantané », les yeux rivés sur le modèle sans regarder sa feuille. Le naturel explose autant que la chair. Puis il retravaille cette première saisie à l’aide d’un calque pour ne retenir qu’un trait net, épuré. Puis il recouvre le corps d’un à-plat de terre de Sienne. Puis il découpe le dessin pour le coller ou l’assembler dans une nouvelle composition déterminant ainsi un nouvel espace. Il crée ainsi une série érotique avec le corps androgyne du jeune adolescent Éros. Toutes ces étapes sont des œuvres en soi.
Autour de 1900, Rodin expose ses dessins autant que ses sculptures en Belgique, aux Pays-Bas, à Londres et au fameux pavillon de l’Alma en 1900. Il les considère comme « des instantanés variant entre le grec et le japonais ». Mais il poursuit ses recherches, la décomposition du mouvement dans la série des « Femmes en pyjama », la mise en place « des figures dans l’atmosphère ». Il s’inspire des « Métamorphoses » d’Apulée pour ses « Psychés » et d’Ovide pour « Minerve et Icare », en apposant des touches d’aquarelle sur ses nus. Il est fasciné par le caractère religieux et exotique des danseuses cambodgiennes venues à l’occasion de la visite du roi en 1906. Il insiste sur leur gestuelle, les bras, les pieds, leur lenteur, lui qui ne voulait saisir que l’instant furtif.
Tout est prétexte à de nouvelles recherches. L’estompe qu’il associe depuis toujours à l’aquarelle ou aux hachures devient fluide sur le corps de l’acrobate contorsionniste Alda Moreno, qui lui offre de nouvelles postures. À partir des années 1900, il joue avec la couleur qui entoure, masque ou transforme le dessin dans une composition onirique pour parfois devenir autonome. « Et voici qu’encore une fois, une étendue toute neuve était découverte, pleine d’une vie sans nom. » Tel était le commentaire de Rilke sur ces étranges documents de l’instantané.
« La saisie du modèle - Rodin 300 dessins 1890-1917 », musée Rodin (www.musee-rodin.fr), jusqu’au 1er avril. Du mardi au dimanche de 10 heures à 17 h 45, jusqu’à 21 heures les mercredis de janvier, février et mars.
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