Il paraît que Michel Foucault éclatait parfois d’un rire homérique. Mais ce n’est pas en ce sens qu’il faut sans doute entendre ce titre. Une remarque semble d’emblée s’imposer. Depuis le « Phédon » de Platon, il est établi que « philosopher, c’est apprendre à mourir ». Au mieux, selon les stoïciens, pouvons-nous nous résigner à ce qui ne dépend pas de nous. Reste que la majorité des penseurs célèbres sont allés du côté du drame de l’existence et de l’angoisse. Champion toute catégorie, l’Allemand Arthur Schopenhauer, pour qui « toute vie oscille de l’ennui au désespoir ».
À part le célébrissime « Rire » de Bergson, la Pensée se reconnaît peu dans ce petit spasme jouissif qu’est l’éclat de rire. Pourtant, dit Philippe Arnaud, on retrouve l’humour et la joie au travers d’innombrables œuvres. Plein d’humour est Descartes lorsque, après avoir prononcé le grave « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée », il écrit, dix lignes plus loin, que si on voit souvent des gens se plaindre de n’être ni beaux, ni riches, il est rare que quelqu’un gémisse sur le fait d’être très bête. Que dire de l’austère janséniste Pascal affirmant que « les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie que de n’être pas fou » ? Et dans l’enfer de « Huis clos », de Sartre, l’un des trois personnages, après avoir remarqué que « le bourreau, c’est chacun de nous pour les deux autres » ; ajoute : « Ils ont réalisé une économie de personnel, c’est tout. »
L’un des lieux communs concernant ce sujet est de dire que les ouvrages qui traitent du rire et du comique sont d’un ennui à mourir. Ce n’est pas le cas quand Sigmund Freud aborde le mot d’esprit, le witz, à l’intersection de l’humour juif et du nonsense anglais. Ainsi de ce dialogue : – « Où vas-tu ? » – « Je vais à Cracovie. » – « Pourquoi me mens-tu ? Tu me dis que tu vas à Cracovie pour que je croie que tu vas à Lemberg, alors que je sais très bien que tu vas à Cracovie. »
Même réponse pour Bergson. Beaucoup de blagues pédagogiques à propos de la formule « Du mécanique plaquée sur du vivant ». – « Tu sais mon fils, la bourse est un jeu dangereux, un jour on gagne, le lendemain on perd. » – « Puisque c’est comme ça, rétorque le fils, je ne jouerai que tous les deux jours ! »
Mais bon, c’est vrai que la philosophie avait peut-être de sombres sujets plus « subsumant » : la substance, Dieu, la transcendance. Elle y perd en légèreté, tant pis, mieux vaut en rire.
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