C’EST À ROME, dès 1600, que débute l’histoire de la peinture de paysage. Ce genre n’était que mineur jusqu’alors, mais sous l’impulsion d’Annibal Carrache, installé dans la ville en 1595, les peintres se plaisent à exprimer la nature dans toute sa splendeur et son harmonie, restituant les charmes d’un « paysage idéal ». De nombreux artistes français vont étudier à Rome et manifestent dans leurs toiles le souci de vérité et de réalisme qui avait inspiré le Caravage. Les peintres flamands – Paul Bril ou Jan Brueghel – sont également influencés par les canons du paysage italien, tout comme l’Allemand Adam Elsheimer, aux œuvres minutieuses, inondées de lumière.
Au début des années 1620, les disciples bolonais d’Annibal Carrache développent sa leçon classique. Le Dominiquin brosse avec panache une nature lyrique et transcendée tandis que l’Albane est à l’origine d’un style équilibré et tendre qui donne à voir une nature bénie. Puis, avec Claude Lorrain, les toiles se déclinent en vastes décors de verdure baignés d’une lumière subtile, dans lesquels se perdent de minuscules personnages.
L’atticisme.
Bientôt, le classicisme fait son entrée en France, caractérisé par un équilibre des compositions, par ce qu’on a appelé l’« atticisme ». Les maîtres mots de cette exigence picturale sont la clarté et la rigueur. La peinture de paysages s’« intellectualise » peu à peu. À Rome, Nicolas Poussin trouve un décor de choix pour distiller dans ses compositions la grâce et le raffinement, la sérénité et la noblesse si caractéristiques de son style. La nature est souvent prétexte, pour le peintre classique, à des mises en scènes d’épisodes mythologiques dans un déchaînement des éléments. Ses œuvres sont des chaos superbement ordonnés. Le paysage classique devient prétexte à méditer sur la place de l’homme dans l’univers.
Différents types de représentation de la nature voient le jour au cours du Grand Siècle. L’exposition dévoile tantôt des compositions où les artistes reproduisent « sur le motif » une vue qui soit la plus proche de la réalité, mais aussi des « paysages mixtes », réinterprétations dans l’atelier d’un morceau de nature choisi, ou encore des « paysages historiques », scènes bibliques ou mythologiques dans lesquelles le paysage se trouve idéalisé. Pastorales, marines, noces harmonieuses entre des éléments d’architectures et des végétaux entrelacés… : c’est une histoire du paysage dans tous ses états qui nous est donnée à voir dans cette exposition, ode à la nature.
« Nature et idéal : le paysage à Rome 1600-1650. Carrache, Poussin, Le Lorrain … », Galeries nationales du Grand Palais. Tlj sauf mardi, de 10 à 20 heures (mercredi jusqu’à 22 heures). Jusqu’au . Catalogue, éd. RMN, 288 p., 42 euros.
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