CONNU depuis une dizaine d’années en Occident grâce à ses films présentés dans les plus grands festivals (dont « Still Life », primé à Venise, et « 24 City », en compétition à Cannes en 2008), Jia Zhang-Ke a une vision sombre de son pays, nourrie entre autres par la fréquentation de Weibo, l’équivalent chinois de Twitter. La transformation rapide de la Chine s’est faite aux dépens de certaines régions, l’écart entre riches et pauvres ne cesse de se creuser et la société chinoise est bouleversée par les mouvements de migration intérieure, constate-t-il. Alors, parce que la violence peut devenir pour certains le seul moyen de s’exprimer, le cinéaste a choisi d’en faire le thème central de son film : « Pour illustrer la Chine moderne comme je la comprends, je suis parti de quatre faits-divers incroyablement violents et j’en ai fait une œuvre de fiction. »
Dans le Shanxi, un mineur, exaspéré par la corruption des dirigeants de son village, fait justice lui-même. À Chongqing, près du barrage des Trois Gorges, un travailleur migrant découvre les pouvoirs de son arme à feu. Dans le Hubei, en Chine centrale, une hôtesse d’accueil, dans un sauna, est poussée à bout par le harcèlement d’un riche client. À Dongguan, où se trouvent les usines « internationales », un jeune garçon passe d’un travail à l’autre dans des conditions de plus en plus dégradantes. Quatre personnages, quatre provinces, des morts et beaucoup de sang, des récits très durs, des personnifications du désespoir. Mais une mise en scène ample et puissante qui stylise les drames sans faire perdre leur humanité à leurs protagonistes.
Interprété en partie par des acteurs non professionnels, « A Touch of Sin », qui dure deux heures dix, a reçu à Cannes le prix du scénario. Dans un autre genre que « la Vie d’Adèle », il aurait tout autant mérité la Palme d’or. Cela aurait en tout cas été la mienne.
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