KEITH HARING, né en Pennsylvanie, étudie à la School of Visual Arts de New York. La passion pour la sémiotique, la signification et la communication des signes et la découverte d’Alechinsky le conduisent à 20 ans à dessiner à la craie sur les panneaux noirs publicitaires du métro. Ce sont les Subway Drawings (de 5 000 à 10 000, au total, de 1980 à 1985). Il défend ainsi le droit à l’art du public, élabore sa méthode – un trait continu, réalisé en un temps record pour échapper à la police –, et son langage, qu’il utilisera sur tous les supports, bâche, toile, mur (à New York et Berlin), sculpture.
Ses icônes sont facilement identifiables. Un chien menaçant à la gueule grande ouverte. Une silhouette d’homme qui, par son uniformité, indique que chacun doit être considéré dans son individualité – un homme parfois représenté transpercé, allusion à l’assassinat de John Lennon et à la violence. Des bébés rayonnants – il est très attentif aux enfants, comme en témoigne la fresque peinte bénévolement à l’hôpital Necker, à Paris.
En utilisant l’espace public pour s’adresser au plus grand nombre, il proteste. Contre le capitalisme et la société de consommation : avec le jeune taggeur LA II, il s’attaque à l’homme blanc et aux symboles culturels ; il en fait des objets diffusés dans sa Pop Shop. Contre les nouvelles technologies, possibles dangers pour notre individualité : un écran de télévision avec un atome, le Christ ou Mickey, remplace le cerveau. Contre le racisme et la colonisation, notamment l’Apartheid, avec l’emblématique tagueur afro-américain Michael Stewart assassiné par des policiers : étranglé par des mains blanches, l’espace déverse un flot de sang annonçant l’Apocalypse. Contre la menace de guerre atomique, la pollution et la destruction de l’environnement : une langue de la mort transformée en serpent s’empare d’humains devant un champignon atomique rouge. Contre les pièges idéologiques de la religion avec « Protect me from what I want » (Protège-moi de ce que je veux). Contre l’homophobie, le sida et la discrimination, bien avant qu’il ne découvre sa séropositivité : l’homme avec une croix rouge se retrouve entouré de têtes de mort volantes.
Avec des couleurs vives, des motifs qui dessinent son univers, un espace saturé qui garde sa lisibilité, Keith Haring vit et partage avec force les grands enjeux de son époque et garde une grande attention à l’homme. Très vite reconnu internationalement, il a exposé à côté de Warhol, Basquiat, Lichtenstein, son langage est passé dans notre quotidien.
« Keith Haring - The Political Line », Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (11, avenue du Président-Wilson, tél. 01.53.67.40.00, www.mam.paris.fr), du mardi au dimanche de 10 à 18 heures, le jeudi jusqu’à à 22 heures. Centquatre (5, rue Curial, 19e, tél. 01.53.35.50.00, www.104.fr), du mardi au dimanche de 13 heures à 19 h 30. Jusqu’au 18 août.
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