EN APPARENCE, rien n’est plus opposé que la foi religieuse et la liberté. Nombre de croyants se contentent de subir et de propager les croyances du groupe et de la famille. Mais, en analysant la croyance, l’auteur aigu y décèle une permanente possibilité de choix : « Pour que l’homme soit totalement libre, il faut qu’il ait la possibilité de croire en Dieu. » De fait, cette hésitation possible habite l’être humain. Il peut croire ou ne pas croire et, s’il croit, même fortement, le doute n’est jamais bien loin, comme en a témoigné, par exemple, mère Teresa.
C’est ici qu’il est bon de rappeler la distinction entre la croyance et le savoir. On ne « croit » pas que 2 + 2 = 4, on le sait. Quant à ceux qui savent de toute éternité que Dieu existe comme les pierres ou les nuages, appelons-les dogmatiques.
Après cela, on a du mal à croire que la croyance en Dieu puisse accroître notre liberté, mais l’auteur utilise de manière féconde la pensée de Kant. Dans le système de ce dernier, on ne peut vraiment connaître que des phénomènes, c’est-à-dire tout ce qui apparaît dans l’espace et le temps. Ce n’est certes pas le cas de Dieu, mais celui-ci peut avoir un usage régulateur et non dogmatique. Dans ce cas, Dieu est pensé comme un être possible, il permet de saisir l’unité dans le monde. C’est la raison pour laquelle Kant, qui se méfie des omniscients du genre Wolff ou Leibniz, dit « avoir limité la foi pour laisser la place à la croyance ». S’il ne peut être connu tel ce stylo, Dieu peut être pensé comme hypothèse féconde, unifiant la totalité de l’expérience.
On objectera qu’il ne s’agit ici que d’une béquille, du type « foi du charbonnier » et on préférera l’appel que fait Charles Pépin aux « tueurs », Nietzsche, Sartre et le moins connu Gianni Vattimo, pour qui c’est la « mort de Dieu » qui redonne tout son sens à notre liberté... de croire en lui. Mais n’est-ce pas un poncif de toujours présumer que le négateur est hanté par l’objet de sa négation ?
Tel un habile thriller, le livre connaît maints retournements et nous prend souvent à contre-pied. C’est fort bien. La philosophie ne commence-t-elle pas à l’étonnement ?
Charles Pépin, « Un homme libre peut-il croire en Dieu ? », Les Éditions de l’Opportun, « Les Philosopheurs », 82 p., 9,90 euros.
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