DEPUIS LA FIN des années 1980, Marc Desgrandchamps peint dans un style et selon une technique résolument à part. Après être passé par une période figurative, après avoir exploré les thèmes classiques de la peinture, en s’inspirant de grandes figures aussi variées que Giorgio de Chirico, Max Beckmann, Poussin ou Balthus (de cette époque, datent les peintures d’histoire de Desgrandchamps, une partie sombre et crépusculaire de son travail, moins connue que le reste), l’artiste trouve définitivement son style : des toiles habitées par des fragments d’objets (« l’éclat des choses ordinaires », comme il dit), d’architectures, de silhouettes féminines, de souvenirs, véritables décors recomposés. Dans ces paysages rêvés aux tonalités émeraudes et céruléennes, au cœur desquels évoluent des formes dissoutes, Desgrandchamps conjugue la précision et l’impression de dissociation, de flou, de liquéfaction des figures. Le peintre joue avec la transparence, la qualité diaphane de sa peinture, qu’il semble diluer à l’infini. Cette dernière est comme aqueuse, délavée. Des coulures, des dégoulinures et la superposition de différents plans ajoutent encore au trouble.
Dans ce travail sensible et habile, l’on se prend à rêver en regardant des plages ensoleillées et lumineuses, des no man’s land traversés parfois par des chevaux ou des oiseaux, d’étranges figures en lévitation qui créent des perturbations visuelles particulièrement intéressantes. Tout respire le mystère dans ces scènes à la fois prosaïques et fantasmatiques. Une impression de flottement aussi. Les œuvres de Marc Desgrandchamps sont d’une grande richesse plastique et poétique.
À voir aussi : l’exposition Marc Desgrandchamps au Carré Sainte Anne à Montpellier, jusqu’au 19 juin
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 16e, tél. 01.53.67.40.00. Tlj sauf lundi, de 10 à 18 heures, jeudi jusqu’à 22 heures. Jusqu’au 4 septembre. Ccatalogue, éditions Paris Musées, 200 pages, 34 euros.
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