Comme souvent, au début est le mythe, l’ouverture de la boîte de Pandore. La belle jeune femme laisse échapper tous les maux de la terre, il ne reste à la fin que l’espoir au fond du récipient. Rien n’est plus confus que cette histoire. En fait, ce n’est pas une boîte, mais une jarre ; elle ne l’ouvre pas, mais soulève un peu le couvercle. Quant à l’interprétation, elle est pour le moins ambivalente : faut-il comprendre que nous sommes par ce geste débarrassés des maux ; ou que cette petite sotte les a en fait répandus dans le monde ?
De fait, on peut voir que le thème de l’espoir (ou du Destin, qui a d’emblée tout scellé, comme chez Œdipe) est une constante des histoires et des doctrines grecques, souvent liées au thème du voyage. Évasion vers Utopie, redécouverte d’une Atlantide, espérer reste un dangereux mirage ; Ulysse souhaite rentrer au plus vite, il lui faudra affronter les obstacles et les désillusions du retour.
Ce n’est qu’avec Platon que l’espoir semble vraiment positif : Elpis s’oppose à Ubris, le calme jugement réfute l’excès insensé ; Socrate meurt dans la sérénité, car il sait quel autre monde l’attend.
L’espérance du croyant
L’espoir a son double féminin, l’espérance – folle, selon Guy Béart. On souhaiterait qu’elle ait le visage et le physique troublant d’Ava Gardner dans « Pandora », mais les philosophes l’ont classée dans le religieux. Avec la foi et la charité, elle fait partie des vertus théologales. Aussi nos auteurs examinent-ils le thème dans les grandes pensées religieuses.
Déception avec le christianisme ! Le croyant est sûr de son espérance, il la place dans l’au-delà, dont il possède la certitude de l’existence, ce qui est un peu contradictoire. D’autre part, contrairement au judaïsme, il y a eu, dans cette foi, incarnation. Le messie étant déjà venu, que pouvons-nous attendre ?
Nous l’avons dit, toute la pensée occidentale est convoquée, tous les groupes sociaux et leur idéologie. De manière générale, les penseurs sont sévères avec l’espoir, car il est fortement lié à la crainte. Il est donc à la fois une impossibilité de bien vivre le présent, dont on se déracine, et, pour le rationalisme classique, une altération du jugement. L’intérêt de ce sujet, et les auteurs le montrent bien, c’est que nous ne sommes pas que sociaux, et l’espoir nous relie à toute la stratégie d’un désir qui demeure en grande partie inconscient, comme l’a montré Lacan. Nous passons notre vie à poursuivre quelque chose que nous ignorons, sans pouvoir pourtant le trahir.
C’est ainsi, nous est-il dit, que, « lié originairement à l’expérience de satisfaction hallucinatoire, l’espoir constitue une énergie permanente qui fait avancer, indéfiniment reconstituée, continûment activée… » De sorte que l’espoir en lui-même ne représente rien de précis, c’est ce qui expliquerait que, à la table de la roulette, le joueur continue de perdre indéfiniment.
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