ARRIVÉE à Paris, en 1902, après des études de peinture à Londres et une initiation à l’art de la laque, Eileen Gray apprend à teindre et à tisser la laine dans l’Atlas. En 1910, elle ouvre deux ateliers, l’un pour la laque, l’autre pour le tissage de tapis. Les dessins et gouaches de ces modèles sont ses premières recherches sur l’abstraction. Jacques Doucet, son premier collectionneur, lui achète en 1913 un paravent en laque, « le Destin ». Il sera à l’origine de sa redécouverte, près de 70 ans plus tard, lors de la vente aux enchères de son mobilier.
Pendant huit ans, dans la galerie Jean Désert, qu’elle a créée et qui voit défiler les grands collectionneurs, elle expose son mobilier (paravent en briques) et ses projets d’aménagements (chambre à coucher boudoir pour Monte-Carlo, 1923) et effectue une transition de style radicale. C’est avec le tube de métal chromé, le verre, le liège, le rhodoïd qu’elle crée ses pièces uniques. Pas de production industrielle, ce qui explique leur rareté et leur prix aujourd’hui.
Mais son chef-d’œuvre est à venir. C’est la villa E 1027 à Roquebrune-Cap-Martin, conçue en 1926, pour son ami l’architecte roumain Jean Badovici, fondateur d’une nouvelle revue, « l’Architecture vivante ». Elle illustre le modernisme. Une pièce centrale reliée aux autres par des systèmes coulissants, deux niveaux, un toit terrasse, le tout orienté selon la course du soleil, avec un mobilier devenu emblématique, fauteuil transat, table ajustable, coiffeuse-paravent.
Dès lors, le dessin d’architecture monopolise une large partie de son attention. En 1931, pour sa maison Tempe a Pailla, à Menton, elle associe au modernisme le vernaculaire. Elle est pragmatique, l’orientation tient compte aussi des vents et le mobilier fait preuve d’un grand sens pratique (meuble mobile pour pantalons, siège-escabeau-porte-serviettes, armoire extensible). Liée à Le Corbusier, Eileen Gray présente un projet de centre de vacances dans le pavillon des Temps nouveaux de l’Exposition internationale à Paris en 1937. Lou Pérou, près de Saint-Tropez, est son dernier projet, à 76 ans.
Aucun de ses environnements intérieurs n’a été conservé et ses maisons sont dépouillées de leur mobilier. L’exposition les présente reconstituées dans des period rooms, aidée par un portfolio où elle conservait ses projets depuis 1956. Au fil du temps, l’espace était devenu pour Eileen Gray « une matière plastique qu’on peut transformer et modeler selon les exigences de la décoration et qui offre à l’artiste des possibilités infinies ».
Tél. 01.44.78.12.33, www.centrepompidou.fr, tous les jours, sauf mardi, de 11 à 21 heures. Jusqu’au 20 mai.
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