Marco Bellocchio anime chaque année un atelier cinéma à Bobbio, dans la province de Plaisance, en Émilie-Romagne. C’est là qu’il est né et qu’il a trouvé l’impressionnant décor de « Sang de mon sang », une prison construite au XIVe siècle dans une aile du couvent de San Colombano et aujourd’hui abandonnée.
Il y a plusieurs inspirations dans son film, qui réunit deux épisodes de styles différents, l’un au XVIIe, l’autre contemporain. C’est d’abord l’histoire de Federico, un jeune homme d’armes qui veut réhabiliter la mémoire de son frère, un prêtre séduit par une nonne et qui s’est suicidé (comme le frère jumeau du réalisateur). Pour ce faire, il faut que la jeune femme avoue, d’une manière ou d’une autre (les épreuves de l’eau et du feu), qu’elle est la proie du diable. Mais un étrange lien se noue entre les deux protagonistes. Quelques siècles plus tard, on retrouve Federico en agent ministériel dans le couvent inhabité, sauf par un mystérieux comte qui ne sort que la nuit.
Cette deuxième partie est moins convaincante que la première, aux images et à la mise en scène fortes dans leur austérité qui n’exclut pas un certain baroque. Pier Giorgio Bellocchio (le fils de Marco) est un Federico du passé plus émouvant que celui du présent, tandis que Roberto Herlitzka (le comte) domine l’épisode contemporain.
Choc des cultures
Les premières images d’« Asphalte », de Samuel Benchetrit, ne sont pas engageantes : un immeuble délabré dans une cité non moins sinistre. On ne va guère en sortir de l’immeuble, sinon pour l’arrière d’un hôpital qui semble avoir connu des jours meilleurs. Et pourtant on ne va pas s’ennuyer, avec trois duos totalement inaccordés, incarnant le choc des cultures. L’ado décontracté (Jules Benchetrit, prometteur) et l’actrice sur le retour (Isabelle Huppert) ; le solitaire inadapté (Gustave Kervern, bien sûr) et l’infirmière mélancolique (Valeria Bruni Tedeschi) ; et, le plus cocasse, la mère maghrébine accrochée à ses séries télé (Tassadit Mandi) et le cosmonaute américain littéralement tombé du ciel (Michael Pitt).
Un joli film, plein de fraîcheur malgré le décor et les apparences. Il est réjouissant de voir Isabelle Huppert jouer à la mauvaise actrice et le Kurt Cobain de Gus Van Sant manger un couscous vêtu d’un maillot de l’OM.
Frissons en famille
Pas besoin d’un gros budget pour faire naître l’angoisse. Démonstration avec « The Visit », de M. Night Shyamalan, qui fait frémir avec la visite d’une adolescente et de son frère chez leurs grands-parents. Dans une maison isolée dans la campagne américaine, il faut tout de même respecter quelques lois du genre. C’est à travers le regard de la jeune fille (l’Australienne Olivia Dejonge) et de sa caméra, une méthode célèbre depuis « Blair Witch » et « Paranormal Activity », que l’on suit les événements, d’abord insignifiants et anecdotiques. Le cinéaste joue avec les références, manie l’humour et les retournements de situation et, sans besoin de grands effets, livre un film qui ne déparera pas la collection de l’amateur d’épouvante un peu sophistiquée.
Frontière sanglante
« Sicario », de Denis Villeneuve, n’a qu’un seul tort, son efficacité hollywoodienne. C’est le récit d’une opération américaine pas très orthodoxe contre un baron de la drogue mexicain. Le Candide de l’histoire est une jeune femme (Emily Blunt), agent du FBI, qui désapprouve d’un point de vue moral mais est obligée de suivre l’agent qui mène l’affaire (Josh Brolin) et l’ex-procureur colombien aux objectifs mystérieux (Benicio Del Toro). Poursuites, torture, sang, cadavres…, il y a du spectacle et du suspense et une effrayante réalité, celle d’une frontière américano-mexicaine devenue une zone de non-droit.
Choc des âges
Envie de sourire sans se poser de questions ? « Le Nouveau Stagiaire », de Nancy Meyers (« Ce que veulent les femmes ») est une comédie sans génie mais avec de bons moments. Robert De Niro est un retraité qui, pour tromper son ennui, prend un poste de stagiaire dans une start-up de mode menée de main de maître par une jeune femme aussi autoritaire que stressée (Anne Hathaway). Le rire est censé naître du regard du « vieux » sur un monde du travail esclave de l’informatique et de la vitesse et sur des jeunes qui ne savent plus ce qu’est une cravate. Robert De Niro fait le boulot avec conscience, mais, malgré des clins d’œil à sa carrière passée, on ne peut que regretter une nouvelle fois qu’on ne lui propose plus de grands rôles.
Et encore
« Fatima », de Philippe Faucon, est, d’après deux livres autobiographiques de la Marocaine Fatima Elayoubi, le portrait d’une femme de ménage immigrée qui parle mal le français et vit seule avec ses deux filles, une adolescente en révolte et une étudiante en médecine. Avec « l’Étudiante et Monsieur Henri », Ivan Calbérac porte à l’écran sa pièce de théâtre, une comédie dans laquelle un vieil homme (Claude Brasseur) loue une chambre à une étudiante. Enfin, les gentils vampires déjantés sont de retour avec « Hôtel Transylvanie 2 », pour la plus grande joie des jeunes spectateurs.
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