Art
Portraits tournés vers « l’intérieur de la vue », selon le titre d’un tableau de Max Ernst, dont Spies est spécialiste, celui de Lovis Corinth avec une paralysie faciale. Réalisme poétique des travailleurs de Millet et Segantini, que leurs gestes immuables inscrivent dans une éternité. Dessins d’illustrations très en vogue au XIXe siècle avec Carlos Schwabe, pour « le Rêve » d’Émile Zola, ou le préraphaélite William Holman Hunt, pour « le Pot de basilic » de John Keats. Avec les nus féminins, symbole de modernité, on passe des Vénus académiques de Cabanel à la ligne classique de Renoir pour découvrir, avec les pastels de Degas, les femmes dans leur intimité, au tub ou à la toilette. Il y a aussi les rêves d’architectes ; les femmes de Gustave Moreau, Salomé, Dalila, Médée, qui, à leur beauté, associent la mort. Les rêves déçus de l’histoire, ceux des révolutionnaires de Meissonnier en 1848 et des fédérés de Courbet en 1871. Les visages de la mort, femme de dos en noir de Regnault, profil de vieille femme de Germain David-Nillet.
Spies, à juste titre, fait la part belle à certains. Aux crayons gras sur papier granuleux de Seurat, avec lesquels, selon Louis-Antoine Prat, l’artiste a créé un « univers solide et vibrant à la fois, et dont la fréquence semble régie par un invisible diapason ». Aux fusains noirs de Redon des années 1880, qui font surgir le fantastique, avant qu’il ne passe au pastel sensuel dix ans plus tard. Aux aquarelles de Cézanne, qui allient couleurs et dessins et font « faire sentir l’air ».
Le dialogue se poursuit dans le catalogue. Le commissaire a demandé à des artistes contemporains, architectes, cinéastes (Kiefer, Cindy Sherman, Alechinsky, Kentridge, Wilmotte…), un texte ou une œuvre en correspondance avec un dessin de leurs aînés.
Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries (tél. 01.44.50.43.00, www.musee-orangerie.fr), tous les jours, sauf le mardi, de 9 à 18 heures. Jusqu’au 30 juin.
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