TROIS ANS après sa création en 1924 autour de l’inconscient et de l’automatisme, l’adhésion au Parti communiste de ses membres les plus influents autour d‘André Breton oblige le surréalisme à réinventer le réel et « objectiver le rêve ». Pendant 50 ans, Giacometti, Dalì, Calder, Picasso, Max Ernst, Man Ray, Miró vont, comme en témoignent les huit expositions organisées par le groupe, donner une nouvelle place à l’objet.
Les premières sculptures surréalistes, un mannequin dans une toile de Chirico, le porte-bouteilles, premier ready-made de Duchamp, annoncent, dix ans avant la naissance du mouvement, ce que Dalì proposera, « la fabrication d’objets à fonctionnement symbolique ». Le premier choisi est la « Boule suspendue » d’Alberto Giacometti, à la fois jouet et symbole érotique. Hans Bellmer investit ses poupées d’enfants d’une dimension charnelle, en en recomposant les morceaux. Les expositions se succèdent, avec, pour chacune, un nouveau regard sur l’objet. Celle de 1933 confirme la place de l’objet dans l’imaginaire surréaliste. Dans le catalogue, Tristan Tzara fait l’inventaire : « Objets désagréables, chaises, dessins, sexes, peintures, manuscrits, objets à flairer… » L’Exposition surréaliste d’objets de 1936 détourne l’objet de sa signification pour transfigurer le réel (« Vénus de Milo aux tiroirs », de Dali). Celle, internationale, de 1938 annonce les installations contemporaines, avec une Rue surréaliste de mannequins habillés par les 16 participants.
Les sculptures des années de guerre sont faites d’assemblage dans la logique des cadavres exquis : « Tête de taureau (selle et guidon de vélo) » de Picasso, « Créatures anthropomorphes » de Max Ernst. En 1947, l’accent est mis sur l’ésotérisme des objets, qui « disposent sur les esprits d’un pouvoir qui excède en tous sens celui de l’œuvre d’art ». La dernière exposition, en 1960, intitulée « ÉROS », est uniquement inspirée par l’érotisme présent dès les débuts. C’est alors que Miró, renouant avec les premiers cadavres exquis, s’adonne au ludique et à la poésie dans ses assemblages. La « Jeune femme s’évadant » associe jambes de mannequin et robinet.
Pour le commissaire de l’exposition, Didier Ottinger, « davantage qu’à un mouvement artistique voué à la promotion de formes inédites, c’est à une philosophie, à une science d’un nouveau type que s’apparente le mouvement fondé par André Breton ».
Centre Pompidou (tél. 01.44.78.12.33, www.centrepompidou.fr ), tous les jours, sauf le mardi, de 11 à 21 heures. Jusqu’au 3 mars.
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