Si le rêveur reste dans son lit, le somnambule marche et vit en quelque sorte son rêve. N’est-ce pas dans notre vie quotidienne ce qui arrive sans cesse dans les moments de grande distraction ? Simplement, tout récemment, poussés par des fables, des fictions, un peu partout dans le monde, des hommes en ont exécuté d’autres, sans même les connaître, vivant ces fictions comme une incontestable réalité. Ainsi se justifie un titre qui ne cherche pas à psychiatriser une réalité mais illustre ceci : les tueurs de « Charlie » et les massacreurs du Bataclan sont des hallucinés, ils vivent leur rêve dans le réel, déniant totalement celui-ci.
Il faut ajouter à ce schéma ce qui est pour Nicolas Grimaldi l’élément essentiel, moteur : la croyance. On peut définir celle-ci comme une certitude sans preuve, on plonge par là dans l’univers de la pensée magique, qui est celui de l’enfant, de la pensée primitive et de la paranoïa. On plonge aussi dans l’univers où, rien n’étant véritablement réel, tout est symbolique. Symbolique est le fait de venger le prophète en tuant tous ceux qui peuvent l’avoir caricaturé. Ainsi on devient un martyr, mot qui à l’origine signifie témoin. Symbole aussi, le carnage exécuté dans un magasin où on est sûr de pouvoir tuer uniquement des juifs. Et, cela a été beaucoup dit, significatif de tirer à l’aveuglette sur des foules se perdant dans les jouissances indécentes du mode de vie occidental.
On peut pourtant discuter la pensée de l’auteur lorsqu’il affirme que « toute croyance est comme un rêve ». Nous accepterions mieux l’idée de meurtre accompli dans un état somnambulique si on ne constatait le choix précis du symbole et la minutieuse et bien réelle préparation du massacre.
En définitive, un livre dont l’intérêt principal est de faire entrevoir une très amère anthropologie : il n’y a aucune humanité commune entre les hommes et l’autre demeure le plus souvent un ennemi. De sorte que nous sommes sans doute beaucoup plus près du dauphin ou du loup de Hobbes que de notre soi-disant prochain.
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