Dans l’intimité des peintres

LA PEINTURE, c’est une affaire de famille pour le Pr Bitker, puisqu’il est l’arrière-petit-fils de l’artiste nabi Paul Ranson. Il y a consacré son premier ouvrage non médical*, « Histoire d’une toile », enquête documentée et romancée sur un tableau trouvé dans une malle, attribué au Tintoret, dont il reconstitue les pérégrinations pendant plus de quatre siècles (« Le Quotidien » du 11 décembre 2012). « Paysages décoratifs » est aussi une reconstitution, celle de la naissance et de la trajectoire de deux tableaux peints en 1888 et 1891 du côté de Pont-Aven, avec pour personnages principaux Émile Bernard et sa sœur Madeleine, Paul Gauguin et Jan Verkade, mais aussi Paul Sérusier, Paul Ranson et son épouse France, d’autres peintres nabis – on assiste à la naissance du mouvement –, le marchand Ambroise Vollard…

L’auteur est très bien informé, qu’il s’agisse des artistes de l’époque ou d’histoires intimes et raconte certains épisodes comme s’il y avait assisté, jusqu’au poulet à la charentaise dégusté et au cognac Delamain 1882 qui conclut une soirée. Il ne cache pas que son récit est une fiction, mais, dit-il en conclusion, « que serait l’imagination sans la réalité ? ».

On ne dévoilera pas la solution de « l’énigme de Pont-Aven », ainsi qu’est sous-titré le livre, pour laisser au lecteur le plaisir de la découvrir, d’autant que le chemin qui y mène est semé de révélations sur les amours, les jalousies et les fâcheries qui ont animé ce petit monde. Au passage les théories et les techniques picturales de l’époque se dévoilent. De quoi éclairer une visite au musée d’Orsay, où Marc Olivier Bitker signera son livre le 7 octobre (librairie du musée, de 18 à 21 heures).

« Paysages décoratifs », Éditions de Paris, 160 p., 18 euros.

* Sans compter sa participation au catalogue de l’exposition Paul Ranson au musée de Valence, en 2004.