IL NE S’AGIT pas d’une tradition iconographique qui remonterait aux origines de la peinture, mais plutôt d’un phénomène datant du siècle d’or (le XVIIe siècle), dans l’effervescence philosophique et spirituelle de l’époque. Des peintres se mirent alors à imaginer des portraits de sages ou de contemplatifs, pour incarner l’idée de la pensée à l’état pur. Les Espagnols Diego Vélasquez (1599-1660), José de Ribera (1591-1652) et l’italien Luca Giordano (1634-1705) furent les plus brillants représentants de ces artistes qui tentèrent de saisir l’imperceptible et de traduire les manifestations de l’esprit. Pour illustrer la pensée et la réflexion, ils travaillèrent par exemple l’expressivité du visage, ils introduisirent dans leurs œuvres des objets symboliques et allégoriques (un crâne, un globe, un rouleau de papier), ou s’intéressèrent aux effets de la lumière.
L’exposition est consacrée à la représentation de l’univers de l’introspection et de la méditation. Vélasquez peint un sobre « Saint Thomas », qui nous semble étonnamment proche. Luca Giordano imagine un « Philosophe cynique » et un remarquable « Portrait de philosophe », récemment acquis par le musée. José de Ribera réalise quant à lui des toiles à l’effigie de « Saint Paul ermite », de Saint Jérôme, de Platon, et de « Saint Pierre pénitent ». Magnifique représentant de l’art baroque, également peintre des supplices et des martyrs, Ribera exécuta nombre de portraits imaginaires où se conjuguent de façon étonnante réalisme, dérision et insolence dans une vision ténébreuse de la condition humaine.
L’italien Pietro Paolini livre une « Allégorie des sens », tandis que Francisco de Zurbaran nous montre « Saint Augustin en méditation ». Les peintres des Flandres s’essayèrent eux aussi à l’expression de la pensée, comme Paulus Bor avec son Allégorie de la Logique ou Johanes Moreelse de l’école caravagesque d’Utrecht, qui donne une vision réaliste d’un Vieil alchimiste à la table de son laboratoire éventant le feu du poêle avec un soufflet (vers 1620-1630).
Le parcours se poursuit avec des portraits de Diogène, de Démocrite, d’Héraclite, d’Archimède, de religieux et de saints, de sSybilles, d’astronomes, de docteurs, de vieillards recueillis ou lisant... Elle est complétée par l’installation vidéo sonore de l’artiste contemporain Bill Viola, « Pièce pour Saint Jean de la Croix » (1983).
Tous ces peintres se situent à la charnière du réalisme et de l’imaginaire. La justesse de leurs traits est au service d’une sensibilité mystique dont l’ambition est d’exprimer le poids de la destinée humaine.
« Portraits de la pensée », Palais des Beaux-Arts, place de la République, tél. 03.20.06.78.00. Tlj sauf mardi, de 10 à 18 heures (lundi de 14 à 18 heures). Jusqu’au 13 juin. Catalogue, Éditions Nicolas Chaudun, 168 pages, 27 euros.
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