RECORD MONDIAL pour une œuvre d’art, une version du « Cri » d’Edward Munch a été adjugée 119 millions de dollars chez Sotheby’s, à New York, en mai 2012. Douze millions de dollars pour le requin dans le formol de Damien Hirst. L’art a basculé dans la finance et la spéculation. Marianne Lamour, réalisatrice, Danièle Granet et Catherine Lamour, auteurs de « Grands et Petits Secrets du monde de l’art » (Fayard, 2010), ont fait le tour de la planète pour y rencontrer les acteurs de ce nouveau marché et essayer d’y voir clair.
Tout commence dans les années 1970. Le publicitaire, collectionneur et marchand Charles Saatchi applique à l’art les méthodes de la publicité. Christie’s, avec Francois Curiel, élargit les ventes aux enchères aux particuliers. Les nouvelles fortunes russes, chinoises, arabes cherchent à placer leurs liquidités. Ainsi s’organise un petit monde avec ses codes. Les galeristes (Gagosian, un milliard de chiffre d’affaires par an, 15 galeries) découvrent les artistes. Ils les présentent dans le calendrier bien réglé des grandes foires (45 au total, Amory Show, Bâle, Venise, FIAC…), où les collectionneurs se précipitent. Et les salles de ventes fixent la cote des artistes.
Mais tout se complique. Le président de Christie’s, Francois Pinault, est aussi collectionneur et expose ses œuvres à Venise. Les grands collectionneurs, comme le couple Rubell, qui possède plus de 4 000 œuvres, font la pluie et le beau temps sur le marché de l’art international. De nouveaux acteurs surgissent. Art Advisor conseille les artistes et les met en contact directement avec les collectionneurs. Des fonds d’investissement se spécialisent dans l’art. Le marché se développe en grande vitesse au Moyen-Orient et en Asie. La fille de l’émir du Qatar, Sheikha al Mayassa, est la plus grande acheteuse de la planète mais c’est encore New York (pour combien de temps ?) qui réalise 40 % des transactions d’un marché évalué à plus de 70 milliards de dollars.
Les rencontres avec ses acteurs laissent perplexes. « Le marché échappe à tout contrôle », estime le financier James R. Hedges IV. Et l’art dans tout ça ? Pour le grand marchand David Nahmad, une telle spéculation empêche de voir clair. « Est-ce le prix de l’œuvre ou l’artiste qui fait la valeur ? » Philippe de Montebello, ancien directeur du Metropolitan de New York, qui a doublé les collections du musée, est dubitatif quant à ce qui motive l’achat d’un collectionneur : « Épater ses amis, parce qu’on a un grand artiste ou qu’on paie une œuvre très cher ? »
Sortie en salles le 16 octobre.
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