AVEC CHAGALL, la barbarie, l’exode, les persécutions trouvent un écho dans la Bible et la souffrance humaine dans la Crucifixion. Si les périodes de paix voient s’exalter son bonheur conjugal et son amour de la vie, le souvenir des conflits n’en est pas moins absent.
Né à Vitebsk, le peintre n’y revient qu’en 1914, après son séjour à la Ruche, à Montparnasse, pour retrouver sa chère Bella. L’amour, les souvenirs d’enfance sont associés aux drames humains de la guerre. La marque du modernisme, trace de son passage à Paris auprès de Delaunay et Apollinaire, est alors très présente dans son œuvre. Il inaugure son goût pour la gravure. Très engagé dans la Révolution, il réalise le décor pour le théâtre juif de Moscou, avant de revenir à Paris, où le marchand Ambroise Vollard lui commande des illustrations de livres, « les Âmes mortes » de Gogol, les « Fables » de la Fontaine et la Bible. « Je ne voyais pas la Bible, je la rêvais. » Il va la retrouver en Palestine en 1931, ce qui donnera une grande humanité à ces personnages. Cependant nostalgique de sa culture populaire, juive et russe, il développe dans ses paysages un imaginaire de rêve, dans lequel il associe des personnages volants, des animaux hybrides et vagabonds, des souvenirs de Vitebsk, des scènes de cirque et d’amour.
Devenu français et, pour les Allemands, « artiste dégénéré », il s’installe à New York de 1941 à 1948. Sa peinture devient sombre et il reprend ses crucifixions. C’est dans les décors du ballet inspiré des « Tziganes » de Pouchkine, orchestré par Tchaïkovski, qu’il exalte son pays. La mort de Bella, en 1944, l’anéantit.
De retour en France, il s’installe définitivement à Vence en 1949. Après son mariage avec
Valentina Brodsky, une riche période de création s’ouvre, apaisée par les lumières de la Méditerranée, novatrice avec des peintures monumentales (« Message biblique », qui trouvera sa place dans le musée qui porte son nom, à Nice, plafond de l’opéra de Paris) et par l’utilisation de nouvelles techniques, la céramique et le vitrail (cathédrale de Reims, Art Institute de Chicago).
Chagall associe tout au long de sa vie les grands bouleversements de l’histoire à son histoire personnelle, sa tradition juive, la nostalgie du monde de son enfance et l’amour conjugal et de la vie. Ce qui explique que la guerre et paix sont présents tout au long de son œuvre.
Musée du Luxembourg (19, rue de Vaugirard, tél. 01.40.13.62.00, www.museeduluxembourg.fr), tous les jours de 10 heures à 19 h 30, le vendredi et le lundi jusqu’à 22 heures. Jusqu’au 21 juillet.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série