DEPUIS LES PREMIÈRES représentations humaines connues, la chevelure a toujours été présente. Sa symbolique est universelle et les artistes, quelles que soient les époques, s’en sont inspirés. Peintures, sculptures, photographies, coiffes et parures témoignent de la richesse de ce thème.
En 1860, le sculpteur Charles Cordier expose ses bustes ethniques en bronze et marbre. Alors que les théories de hiérarchie des races persistent, il démontre que la beauté est universelle. Les tresses d’une femme noir et la natte asiatique font face aux bouclettes de la reine Amélie sculptée par de Bosio.
La chevelure est objet de séduction. Pour plaire, elle doit être façonnée selon les modes qui se succèdent dans toutes les sociétés. Emblème royal des cheveux longs pour les rois mérovingiens, séduction de la blondeur qui va d’Ingres à Sylvie Vartan (photos d’actrices de Sam Levin), tempérament de la rousse qui inspire la peinture du XIXe siècle (Henner).
La chevelure peut aussi être rebelle, manifeste d’antiséduction ou de refus. Picasso ne se coupe les cheveux qu’à la fin de la guerre. Tout comme les femmes malgaches en deuil qui les laissent pousser pendant un an, sans se laver, pour ne pas attirer le regard des hommes. Marie Madeleine ayant renoncé à sa vie de pécheresse voit ses cheveux devenir une bure de pénitence. Rasé, le crâne des femmes adultères avec l’ennemi pendant la deuxième guerre mondiale jette sur elles l’opprobre. Couper ses cheveux a une valeur symbolique. Avant l’entrée au couvent pour les jeunes femmes (André Breton achète une chevelure aux Puces), au cours de rites initiatiques des Papous.
Une mèche peut être gage de tendresse lorsqu’elle est contenue dans un médaillon ou un vecteur de dialogue entre la vie et la mort. Ou encore symbole de force et d’efficacité. Les guerriers portent les scalps de leurs ennemis comme des trophées : les Tokotokos en Polynésie ou les Jivaros avec les têtes réduites (tsantas). Ailleurs, les cheveux seront associés à la fertilité des cultures, à la prospérité du groupe et aux rapports apaisés avec les ancêtres.
Le cheveu étant imputrescible, il traverse les siècles, par exemple sur les têtes de momies égyptiennes recouvertes d’or. Il associe ainsi la vie et la mort, l’intime et la représentation, le profane et le religieux.
Musée du quai Branly (tél. 01.56.61.70.00, www.quaibranly.fr), mardi, mercredi et dimanche de 11 à 19 heures, jeudi, vendredi et samedi jusqu’à 21 heures. Jusqu’au 14 juillet.
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