DANS L’ITALIE de la première moitié du XVIIe siècle, marquée par le caravagisme et l’école classique des frères Carrache, Artemisia Gentileschi (1593-1654) devient une grande figure de la peinture baroque, la seule femme reconnue de son temps.
Fille du peintre caravagesque Orazio Gentileschi, Artemisia se forme dans l’atelier de ce dernier à Rome. C’est là qu’elle est violée à 18 ans par Agostino Tassi. Le drame est dénoncé par le père, Tassi est condamné et Artemisia mariée à un Florentin, Pierantonio Stiattesi. Le couple déménage à Florence, où elle est la première femme à être acceptée à la prestigieuse Accademia del Disegno. Elle se lie avec Galilée, reçoit des commandes du grand-duc Côme II de Médicis, mais quitte précipitamment la ville au bout de sept ans pour fuir ses dettes.
La voici de retour à Rome. Les commandes s’accumulent, scènes bibliques et antiques pour les cardinaux et princes, portraits pour la noblesse. Le peintre français Simon Vouet fait son portrait. Après un séjour à Venise, elle s’installe à Naples en 1630, où elle est une artiste libre, jouissant d’une grande réputation à la tête d’un atelier. Elle reçoit des commandes du vice-roi, de toute l’Italie, de Charles Ier d’Angleterre et de la cour d’Espagne, où elle participe à la décoration du palais du Buen Retiro.
Artemisia a longtemps été reconnue surtout pour ses scènes de meurtres ou de concupiscence, dans lesquelles elle excelle. Ses héroïnes sont Judith décapitant Holopherne, Yaël tuant Sisera, Bethsabée et Suzanne. Mais on ne peut résumer son inspiration au souvenir de son viol ni sa pratique à celle de son enseignement caravagesque (lumières contrastées et tension dramatique des personnages). Sa virtuosité apparaît dans « Suzanne et les vieillards » (1610) avec une composition élaborée et un rendu naturaliste des chairs alors qu’elle n’a que 17 ans. Avec « Madeleine pénitente » (1630), elle trouve une vérité psychologique qui va au-delà de la ferveur religieuse. Elle s’inspire de la douceur de Guido Reni pour sa « Cléopâtre » (1635) et du maniérisme pour « Bethsabée au bain » (1640-45). « Regardez mes œuvres, elles parlent d’elles-mêmes », disait-elle. Cette première rétrospective en France donne à voir son énergie créatrice et la place qu’elle a tenue dans l’Italie de la Contre-Réforme.
« Artemisia, 1593-1654. Pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre », musée Maillol (59-61, rue de Grenelle, 7e, tél. 01.42.22.59.58, www.museemaillol.com), tous les jours de 10 h 30 à 19 heures, vendredi jusqu’à 21 h 30. Jusqu’au 15 juillet.
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