Deux expositions à Paris

Anselm Kiefer, l’art après le nazisme

Publié le 07/01/2016
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" Pour Paul Celan : fleur de cendre », 2006

" Pour Paul Celan : fleur de cendre », 2006
Crédit photo : CHARLES DUPRAT

Né en 1945 à Donaueschingen, dans le Bade-Wurtenberg, Anselm Kiefer explore le passé nazi et l’histoire de son pays avant de s’adonner à une quête spirituelle à travers la littérature et la philosophie. Dès la fin de ses études, il s’insurge contre l’amnésie collective de la société allemande. Il se présente à son diplôme vêtu du costume de la Wehrmacht de son père, faisant le salut nazi, et, dans ses toiles, au milieu de forêts, symboles mythiques de la société allemande. Le chemin central de ses paysages mène vers un horizon fantasmatique. Il engage sa responsabilité d’artiste avec sa palette et la peinture, qui agit comme la pluie pour régénérer les étendues dévastées. Les vues d’atelier sont transpercées des épées de Parsifal ou de Siegfried, il s’inscrit dans l’histoire en commençant par la célèbre bataille de Teutobourg, remportée par les Germains contre les Romains au Ier siècle. Il convoque, par leurs noms dans ses forêts, les hommes qui ont contribué depuis à cette culture. Les ruines ont pour lui une valeur symbolique forte, car sans elles on ne peut construire une mémoire.

Depuis Gutenberg, le livre demeure l’instrument du savoir et le symbole de l’élévation spirituelle.Les livres de Kiefer renvoient à la littérature, au poète Paul Celan, qui pose la question de la parole après le génocide, allant jusqu’à la réutilisation de la langue allemande, au Talmud, aux mythes, à l’histoire, à l’alchimie, à la philosophie, dans un but de rédemption spirituelle et culturelle de l’Allemagne. Les livres sont monumentaux, parfois de taille humaine, y compris ceux de la bibliothèque personnelle de l’artiste, sculptures en plâtre, carton, sable, plomb, quelquefois brûlés.

Des peintures comme des livres se dégage une grande intensité dramatique et plastique, qui fait correspondre le microcosme de l’homme avec l’univers.

– Centre Pompidou, tous les jours sauf le mardi de 11 à 21 heures, jusqu’au 18 avril. Tél. 01.44.78.12.33, www.centrepompidou.fr.

– Bibliothèque Nationale de France, tous les jours sauf le lundi de 10 à 19 heures, dimanche à partir de 13 heures, jusqu’au 7 février. Tél. 01.53.79.59.59, www.bnf.fr.

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du Médecin: 9460