Un médecin généraliste, installé près d'Avignon et qui pratiquait l'homéopathie et l'acupuncture et adepte de la médecine chinoise, a été condamné mercredi 8 juin à huit ans de prison pour viol par la cour d'assises du Vaucluse, peut-on lire dans « La Provence ». Placé en détention dès la fin de l'audience, le Dr Alexandre Chambon est également définitivement interdit d'exercer sa profession. Une peine plutôt lourde pour un représentant du corps médical, en comparaison aux peines habituellement prononcées.
Les faits datent de 2016 et concernent une patiente du praticien. Lors de l'audience, le praticien de 62 ans est resté « englué dans ses explications techniques », répondant souvent à côté d’interrogations pourtant simples, indique le quotidien régional. Ainsi, s’il a prodigué un massage intravaginal à sa patiente, c’était parce qu’elle le consultait « pour des anxiétés et des insomnies ». Des symptômes qu’il a voulu traiter « en massant les méridiens de la rate, du foie et des reins », en passant par l’appareil génital féminin.
« Lui avez-vous dit que vous alliez introduire vos doigts dans son intimité ? », l’a interrogé à trois reprises le juge, sans obtenir de réponse précise. « Je n’ai pas voulu formaliser, je ne voulais pas dire que c’était la première fois que je faisais ça… », a répondu le Dr Chambon. D'après l'expertise psychiatrique, le médecin est décrit comme « singulier », « isolé dans sa pratique ». Sans trouble particulier, il se sentait toutefois « rédempteur » de cette patiente, toujours selon l'expertise. Cette dernière était parvenue à mener à terme une seconde grossesse après plusieurs fausses couches, à la suite de consultations avec le médecin.
Culpabilité
Le jour de l’agression, la séance d’acupuncture s’était passée plutôt normalement avant que le médecin ne démarre une « séance intense » de massage selon les préceptes de la médecine chinoise. À demi-nue, puis complètement nue, elle subira à deux reprises des introductions digitales, selon la version du praticien. À une reprise, suivie d’une tentative avec son sexe, selon la victime. « Je me laissais faire mais je ne comprenais pas ce qui se passait. Mon cerveau était en off, j’ai culpabilisé longtemps », a-t-elle confié, en pleurs.
À la barre, le médecin a indiqué que la patiente ne semblait pas ressentir de « plaisir sexuel », mais il a perçu « une approbation thérapeutique ». « Elle participait », a-t-il résumé. Ces explications froides « ont tranché avec l’émotion de la victime et de ses proches », constate « La Provence » dans le compte-rendu de l'audience. « Après ces faits, je l’ai perdue », a ainsi confié sa mère.
« Si le viol n’a pas l’apparence de la violence, (...) on peut au moins le mesurer aux conséquences sur celui qui le subit », a plaidé l'avocate de la partie civile. Retenant la circonstance aggravante d’abus d’autorité, la procureure générale avait requis six ans de détention. Les jurés sont finalement allés au-delà.
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