« Touraine dévisse », titrait « le Quotidien » en février dernier, alors que la cote de confiance de la ministre était mesurée à 34 %. À peine un an plus tard, la degringolade continue, la ministre perd encore 5 points : 29 % des médecins seulement font confiance à Marisol Touraine (1 % lui font « tout à fait confiance » et 28 % « plutôt confiance »). Le camp de ceux qui ne croient plus en leur ministre rassemble désormais 6 médecins libéraux sur 10 (26 % n’ont « pas du tout confiance » et 34 % « plutôt pas confiance ». Restent 11 % d’indécis. Le 12 décembre dernier, dans nos colonnes, la ministre de disait « très attentive à l’état d’esprit des médecins et des autres professionnels de santé », ajoutant que « certaines inquiétudes » n’avaient « pas lieu d’être ». Elle n’a, semble-t-il, pas convaincu...
Douste et Bachelot : plus bas, moins vite
Si l’on regarde quelques années en arrière, des ministres de la Santé ont connu pire : 15 % seulement des médecins avaient une bonne opinion de Philippe Douste-Blazy au début de 2005, 25 % appréciaient encore Roselyne Bachelot au printemps 2010. Reste que la cote de Marisol Touraine (créditée de 52 % d’opinions favorables lors de son arrivée au gouvernement en juin 2012), s’est plus vite dégradée que celle de tous ses prédécesseurs. Avec des disparités : la satisfaction est ainsi plus forte chez les généralistes (33 % font confiance à leur ministre) que chez les spécialistes (24 %) ; elle décroît également avec l’âge (34 % des moins de 45 ans font confiance à la ministre contre 26 % après 60 ans. Et Paris est moins indulgent (cotes de popularité à 22 % et d’impopularité à 64 %) que la province (31 % des sondés confiants ; 59 % défiants). Enfin, la confiance est évidemment plus solide chez les sympathisants de gauche, où deux médecins sur trois font confiance à la ministre, qu’à droite (16 %).
La chute de la maison Touraine aura-t-elle un impact sur le vote des médecins aux municipales de mars ? Non, car sur ce point, la profession se comportera exactement comme l’ensemble des Français, en guidant avant tout ses choix sur des considérations locales (motivation retenue par 65 % des médecins dans notre sondage et par 64 % des Français interrogés une semaine plus tôt par l’Ifop pour « le Journal du Dimanche »).
Conséquences limitées dans les urnes
Il n’y a donc pas de traduction politique majeure du mécontentement professionnel des médecins, y compris chez les sympathisants de droite qui ne sont pas majoritaires (40 %) pour déclarer vouloir « sanctionner la politique du président de la République et du gouvernement » au printemps prochain (versus... 2 % à gauche). Dans le détail, cette tentation de la sanction est un petit peu plus forte parmi les spécialistes (28 %) que parmi les généralistes (23 %) ; la région parisienne y succombera davantage (32 %) que la province (23 %) où les communes rurales, plus attachées que les grandes villes aux considérations locales (un ressort du vote pour 75 % de leurs médecins), ne tappera pas fort sur les doigts du gouvernement (13 %).
Il n’empêche que ceux qui choisiront de « soutenir » la politique de François Hollande et de l’équipe de Jean-Marc Ayrault à l’occasion des municipales ne seront pas légion : 4 % des médecins ont ce projet (contre 7 % des Français).
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