Au procès Mediator, l'ex-numéro 2 des laboratoires Servier, Jean-Philippe Seta, s'est défendu ce mardi d'avoir participé à une « stratégie » du groupe afin d'éviter un déremboursement de ce médicament largement détourné comme coupe-faim.
Interrogé sur un autre volet de l'affaire, celui de l'« escroquerie » : les laboratoires et son ex-numéro deux ont-ils trompé les caisses de Sécurité sociale et d'Assurance-maladie pour les inciter à prendre en charge le remboursement du Mediator, en dissimulant ses propriétés anorexigènes et ses dangereux effets secondaires ? Jean-Philippe Seta l'assure : « jamais » la fixation des prix et les remboursements n'ont fait partie de son « socle de responsabilités » chez Servier.
« Efficacité antidiabétique démontrée »
Des éléments étonnent la présidente Sylvie Daunis : le Mediator était commercialisé depuis 1976 comme un antidiabétique, mais de nombreux spécialistes étaient convaincus qu'il ne remplissait pas son rôle et le groupe « attend plus de 20 ans » pour lancer une étude sur son efficacité. En d'autres termes : ce médicament continuait-il à être sciemment remboursé pour une mauvaise indication thérapeutique, et au taux plein de 65 % jusqu'à son retrait, dans une logique purement financière et pour éviter une chute des ventes ? Pour l'ex-numéro deux de Servier, « ce médicament avait une efficacité antidiabétique démontrée ».
Pourtant, en 1999 puis en 2006, la Commission de transparence du médicament avait rendu un avis défavorable au remboursement du Mediator, jugeant son efficacité discutable. Pour Jean-Philippe Seta, ce sont « les ministres de tutelle qui n'en ont pas tiré les conséquences ».
« Je suis bouleversé »
La préoccupation première du groupe n'était-elle pas d'éviter à tout prix un déremboursement du Mediator, insistent les avocats des caisses de Sécurité sociale parties civiles au procès, qui demandent 500 millions d'euros de dommages et intérêts au titre de l'« escroquerie », dont 331 millions pour le seul régime général de l'Assurance-maladie ?
La tromperie vient-elle des laboratoires ou de l'Agence de sécurité du médicament (ANSM, ex-AFSSAPS), jugée à ses côtés pour avoir tardé à suspendre le médicament ? « Nous avions le même niveau d'information et nous avons tous commis des erreurs », affirme Jean-Pierre Seta. « Je veux redire aux familles de victimes que je suis bouleversé », conclut-il.
Le procès doit s'achever à la fin du mois d'avril.
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