En 2020, il y avait eu l'affaire Samantha Avril en Saône-et-Loire. La semaine dernière, c'est une jeune mère de famille qui était jugée pour usurpation du titre de médecin par le tribunal correctionnel de Meaux (Seine-et-Marne), dont l'audience a été relatée en détail par « Le Parisien ». Pendant plus de trois ans, elle s'était fait passer pour une médecin du travail. Elle a été condamnée à trois ans de prison, dont deux ans fermes, avec mandat de dépôt.
Les faits remontent à début 2018. La jeune femme, Sonia, n'a plus de travail depuis deux ans. Dans sa recherche d’emploi, elle tombe sur une offre de poste de médecin du travail au Centre de médecine et de santé au travail (Ciamt) à Champs-sur-Marne. Titulaire d’un BTS en gestion immobilière, elle postule et fabrique de faux diplômes émanant de la faculté de médecine de Strasbourg et produit une fausse attestation d’inscription au tableau de l’Ordre départemental des médecins. « J’étais acculée par le besoin d’argent, a expliqué la prévenue, 31 ans, citée par le quotidien régional. Et puis, on m’a tellement accueillie les bras ouverts quand j’ai postulé à cette offre. »
Pendant plus de trois ans et demi, cette mère de trois enfants œuvre donc comme médecin du travail et réalise « une vingtaine de vaccinations contre le Covid ». Sur cette période, elle a même porté un bracelet électronique durant sept mois, pour des condamnations antérieures, notamment pour abus de confiance. « J’étais prise dans un engrenage », a avoué la fausse médecin.
Numéro RPPS inconnu
Le Ciamt découvre finalement la tromperie en octobre 2021 et porte plainte après avoir surpris la jeune femme en train de modifier des attestations au nom d’une infirmière et découvert que son numéro RPPS est inconnu de l’Ordre des médecins. Elle est licenciée dès le lendemain. En épluchant le compte bancaire et les déclarations d’impôts de Sonia, les enquêteurs ont cependant découvert qu'elle avait récidivé « à peine trois mois après son licenciement ».
Début 2022, elle s'est de nouveau fait passer pour une médecin, cette fois ophtalmologiste et a effectué plusieurs vacations dans des communes du département. Pour crédibiliser son rôle, elle a cette fois usurpé l’identité de deux praticiennes portant le même prénom qu'elle, l’une dans les Yvelines et l’autre près de Nîmes (Gard).
Ces différentes activités frauduleuses lui ont en effet permis de déclarer près de 70 000 euros de revenus annuels en 2019 et en 2020. La substitute du procureur, Léa Dreyfus, a requis deux ans de prison, dont un an ferme, avec mandat de dépôt, insistant sur « les centaines de vies mises en danger ». Le président, estimant que l’appât du gain était « la seule motivation » de la prévenue, a finalement alourdi la peine. « Vous avez fait preuve […] d’un certain professionnalisme pour tromper les gens. On n’imagine pas les dégâts sanitaires que vous avez pu commettre », a-t-il notamment conclu.
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