Un médecin généraliste installé à Créteil (Val-de-Marne), le Dr Yves Puech, a été violemment agressé la semaine dernière dans son cabinet par un patient, agent de la ville. Ce dernier réclamait une limitation de travail, refusée par le médecin qui estimait qu'elle n'était pas justifiée.
« Nous nous sommes retrouvés dans le couloir, en confrontation nez à nez. Il s'est mis à hurler, a raconté le médecin à France 3 Île-de-France. Je ne suis pas du genre à me laisser impressionner donc j'ai haussé le ton pour lui expliquer qu'il fallait se calmer. Cela ne lui a tellement pas plu qu'il s'est mis, sans crier gare, à me taper dessus, à me prendre pour un punching-ball. » Le visage tuméfié, le nez fracturé et deux points de suture ont valu au médecin généraliste 12 jours d'ITT.
« Dégradation des relations humaines »
L'agresseur, employé des espaces verts de la ville, exigeait une limitation supérieure à celle qu'il avait obtenue après avoir vu son médecin habituel. « Il revendiquait une limitation supplémentaire au titre d'un accident du travail, dû à une tendinite de l'épaule et pour lequel mon confrère avait mis une limitation du port de charge à 5 kg pendant six mois, a confié le praticien. Mais il trouvait que ce n'était pas suffisant et que le médecin avait omis de lui mettre une limitation d'usage des engins vibrants, c’est-à-dire des tondeuses, débroussailleuses, etc. Il ne l'a pas fait parce qu'il ne jugeait ça pas utile. » Le Dr Puech conseille alors à ce patient de retourner voir son généraliste.
« Cette réponse n'a pas plu à ce monsieur qui a commencé à s'énerver en disant que je le connaissais, et que je faisais preuve de mauvaise foi », raconte encore le Dr Puech. Après cette violente agression, il se rend au commissariat de la ville pour porter plainte. L'agresseur, connu des services de police, est interpellé le soir même et sera jugé fin mai. Il a lui aussi porté plainte, arguant que le médecin lui avait porté un coup en premier.
Sur BFM-TV, le généraliste a déploré « une forme de dégradation des relations humaines ». « Ça fait quand même 40 ans que je suis médecin, ça ne m'était jamais arrivé. Je ne me sens pas de reprendre actuellement sans avoir la garantie d'une protection. (...) Je ne veux pas que ce genre de chose se reproduise, c'est inadmissible », déplore-t-il.
Selon l'Observatoire de la sécurité des médecins publié par l'Ordre, la région francilienne est la deuxième plus touchée par les agressions et violences envers les médecins, avec 135 incidents signalés en 2020.
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