« On cherchait depuis un mois et demi, si nous n’avions pas fait ce choix, nous n’aurions pas pu faire d’intervention chirurgicale ni d’accouchement pendant deux mois et demi environ », explique au « Quotidien » Pierre Nogrette, directeur du Centre hospitalier de Cahors.
Avec le départ à la retraite d'un anesthésiste-réanimateur, l'hôpital de ce département rural manquait de spécialistes pour assurer les gardes à la maternité et au bloc opératoire, les week-ends du 1er juillet à fin septembre. Pour combler les 24 créneaux de garde de 24 heures non pourvus pour cette période estivale, il a pris la décision de payer 3 000 euros net la garde de 24 heures le week-end, soit plus du double du prix appliqué habituellement (aux alentours de 1 300 euros). « Ces tarifs sont indécents, admet-il. Au départ, nous avons cherché avec des tarifs moins élevés, mais cela n'a pas marché. Du coup, nous avons eu recours à un cabinet spécialisé ». Sa recherche a abouti car deux anesthésistes intérimaires ont été recrutés.
Principe de réalité
Pour Pierre Nogrette, c'est donc « le principe de réalité » qui l'a conduit à faire ce choix. De fait, le département du Lot (178 000 habitants) ne dispose que d'une seule maternité. Si l'hôpital avait choisi de fermer « même pendant quelques jours » sa maternité, en raison du manque d'anesthésistes-réanimateurs, les parturientes auraient été obligées de faire plus d'une centaine de km pour rejoindre celle de Montauban ou de Brive. « Nous avons une responsabilité vis-à-vis de la population, insiste-t-il. Ce sera une solution provisoire car, en octobre, nous reviendrons au fonctionnement normal ». Alors que de nombreux hôpitaux sont contraints de fermer leurs services d'urgences durant l'été, « ici ils vont fonctionner normalement », ajoute le directeur.
Face aux dérives des tarifs pratiqués dans le cadre de l'intérim médical, la loi Rist adoptée en 2021 a prévu de plafonner les rémunérations des médecins intérimaires à 1 170 euros brut pour 24 heures. Mais l'application du texte d'encadrement a été repoussée par le gouvernement en raison de la situation de forte tension sur les ressources humaines dans de nombreux hôpitaux. L'encadrement strict de l'intérim médical, sans alternative, risquait de faire fuir les praticiens intérimaires, incontournables pour faire fonctionner les services concernés ou les lignes de garde. D'où la poursuite de tarifs qui dépassent les plafonds dans de nombreux hôpitaux. « J'ai écrit à l'ARS pour l'informer de cette solution provisoire. Et personne ne m'a dit qu'il ne fallait pas faire cela... », soupire le directeur. Ce dispositif va coûter 74 000 euros à l'hôpital, pris sur le budget de l'établissement.
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