« Après plusieurs avertissements » envoyés à l’exécutif, les biologistes médicaux ont décidé de se retirer de Sidep. À compter du 27 octobre - et « jusqu’à nouvel ordre » - les labos ne transmettront donc plus les données de dépistage Covid sur la plateforme, que ce soit les résultats de tests PCR, antigéniques ou sérologiques.
Cette grève numérique, à l’initiative de l’Alliance de la biologie médicale (ABM), qui regroupe les quatre syndicats représentatifs de praticiens et les principaux groupes de laboratoires d'analyses, entend protester contre le « coup de rabot » de 250 millions d’euros par an sur la biologie médicale prévu dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023.
Vendredi dernier, l’alliance de biologistes médicaux avait déjà initié une première vague de protestation en se désengageant du Ségur du numérique et de l’alimentation de Mon espace santé.
Dépistage « à titre gracieux »
Le retrait de Sidep aura « un coût financier non négligeable pour les biologistes médicaux », tient à souligner l’ABM, car « les tests ne sont pas remboursés par la Cnam aux laboratoires en l’absence de transmission des données sur la plateforme ». Le dépistage se poursuivra donc en laboratoire, mais « à titre gracieux » pour les patients.
En arrêtant d'alimenter Sidep, l'ABM entend prouver « le caractère fondamentalement hypocrite du projet gouvernemental : vouloir une biologie médicale au rabais a des conséquences sur l’efficacité du système de santé ».
« Surdité des pouvoirs publics »
Depuis près de trois semaines, les biologistes libéraux sont furieux contre l’article 27 du budget de la Sécu, examiné en première lecture à l'Assemblée nationale jusqu'à aujourd’hui. Cette mesure prévoit 250 millions d'euros d’économie par an, jusqu’en 2026, sur l'enveloppe des actes courants. Arguant d’une activité exceptionnelle des laboratoires pendant la pandémie – leur taux de rentabilité a atteint 23 % en 2020 et 2021 –, l'exécutif veut mettre ce secteur particulièrement à contribution sur plusieurs années.
Mais les biologistes ne l’entendent pas de cette oreille et dénoncent « un rabot aveugle ». Ils proposent plutôt de payer une contribution exceptionnelle sur leur suractivité liée au Covid. « Il serait impensable de clouer au pilori, en lui imposant 20 % du total des économies demandées, une profession exemplaire qui a permis à la Sécurité sociale d’économiser 5,2 milliards d’euros ces neuf dernières années et représente à peine 2 % du total des dépenses de santé », justifie ainsi l’ABM. Après plusieurs rencontres ministérielles, les biologistes disent toujours faire face « à la surdité des pouvoirs publics ».
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