APT (84)
Dr JEAN PAUL VALLON
On ne pactise pas avec le diable
Dr Faust je présume. On ne pactise pas avec le diable. Ou alors il ne faut pas se plaindre.
Nous nous sommes fait berner lors des dernières conventions, lors des derniers avenants et notamment l’avenant n° 23 parce que la sécu est à la fois juge et partie.
Ceux qui ont accepté de suivre des recommandations qui sont à visée essentiellement comptables pour toucher le pactole n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Ce n’est pas faute de les avoir prévenus. Quant à nos centrales syndicales parisiennes, si elles faisaient enfin front contre l’adversaire connu et désigné au lieu de se bouffer le foie mutuellement, et de jouer à Poker menteur, cela éviterait cette destruction en règle de notre profession.
Paris
PR JEAN-PIERRE OLIÉ
CHEF DE SERVICE HÔPITAL SAINTE-ANNE
Qui seront nos psychothérapeutes demain ?
Désormais, n’importe qui ne peut plus s’intituler psychothérapeute : le ministère de la Santé a défini les conditions de formation ouvrant droit à ce titre et cette activité. Seule alternative à la courte formation posée comme pré requis au titre de psychothérapeute, l’inscription dans une école psychanalytique qui a valeur diplômante. On espère qu’elle assure l’acquisition de connaissances psychologiques et psycho pathologiques tout en encadrant les pratiques de ceux qui échapperont ainsi au passage par une formation universitaire.
Une finalité de l’encadrement du titre de psychothérapeute est de nous protéger de dérives sectaires sous couvert de psychothérapie avec leurs conséquences individuelles, familiales ou sociales. Il est évident que l’offre psychothérapeute va se multiplier malgré la diminution annoncée du nombre de médecins psychiatres. Des médecins généralistes vont choisir de suivre le cursus donnant accès au titre de psychothérapeute pour se consacrer à cet exercice. D’autres professionnels du champ psychiatrique (infirmiers, travailleurs sociaux par exemple) ne manqueront pas de suivre la même voie. Très vite va se poser la question du remboursement de tous ces actes de psychothérapie.
Il existe de nombreuses formes de psychothérapie, la plus connue étant la psychothérapie d’inspiration psychanalytique. C’est à elle que l’on pense d’abord lorsque se pose la question d’un besoin d’aide pour une personne présentant des symptômes de type dépressif, anxieux ou comportemental (inhibition ou impulsivité excessives). Le soutien psychologique est la première mission de tout psychothérapeute qui doit savoir écouter en facilitant l’expression du sujet en souffrance. Les psychothérapies dites "cognitivo-comportementales" sont parfois encore opposées à la psychanalyse. Il n’y a pourtant aucun antagonisme : les professionnels doivent savoir adapter leur pratique aux besoins actuels du patient en recourant à des stratégies d’inspiration plus ou moins cognitiviste ou psychanalytique selon les moments. Ici le dogmatisme n’a pas plus de place qu’ailleurs. Et bien d’autres modalités psychothérapiques sont disponibles : thérapies de motivation (surtout pour les sujets présentant une pathologie addictive), remédiation cognitive (surtout pour les personnes porteuses d’un handicap), psycho-éducation, psychothérapies à médiation artistique, psychodrame, thérapies systémiques et familiales, thérapies de couple…
Inutile de dire combien l’usager aura besoin d’informations pour savoir où il peut trouver la psychothérapie adaptée à son cas. Nul ne voudrait croire que la décision d’ouvrir un diplôme de psychothérapeute non réservé aux spécialistes de la clinique psychiatrique et de ses traitements (les psychiatres) répond à une croyance (trop répandue) en la magie de la parole et de la relation soignant-soigné. Celles-ci sont évidemment constituantes du processus de soin y compris lorsque celui-ci s’appuie sur une technicité telle que les psychothérapies l’offrent au même titre que l’acte chirurgical ou radiologique.
L’acte psychothérapique est dans tous les cas une modalité d’exploration du fonctionnement cognitif, émotionnel et affectif de l’individu. Sa finalité thérapeutique doit être reconnue. L’évaluation des effets des diverses psychothérapies est inéluctable. Ce vaste chantier doit être ouvert : il aidera à savoir mieux définir les bonnes indications de chaque forme de psychothérapie.
La décision de reconnaître le diplôme de psychothérapeute est une première étape dans l’établissement de bonnes pratiques psychothérapiques au service des usagers. Il faut inciter à la mise en place de formations universitaires, théoriques et pratiques, aux psychothérapies ne se limitant pas à telle ou telle référence théorique ou modalité pratique. Les bases théoriques, les modalités d’applications de l’ensemble des psychothérapies doivent être connues des praticiens psychothérapeutes.
Nul ne voudrait encourager le détournement d’usage des psychothérapies qui consisterait à en attendre un effet d’amortisseur des difficultés générées par une société où la communication et l’échange ne seraient plus possibles, balayés par l’impérialisme des nouvelles technologies et le repli sur soi.
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