Dossier

Prime et bénéficiaires en hausse, prescription plus efficace

4 915 euros par généraliste : la ROSP 2018, un bon cru

Par Loan Tranthimy - Publié le 25/04/2019
4 915 euros par généraliste : la ROSP 2018, un bon cru

ev rosp
PHANIE

Après une année 2017 en berne, la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) reprend des couleurs. Pour 2018, les résultats financiers et de santé publique dévoilés par l’assurance-maladie sont en nette progression.

Versée entre le 26 et le 30 avril, la prime moyenne (hors forfait structure) s’élève à 4 705 euros pour 55 102 généralistes et médecins à exercice particulier (MEP), contre 4 522 euros pour 52 939 médecins en 2017, soit une hausse de 4 %. Pour les médecins généralistes seuls, ce montant est de 4 915 euros (pour 50 785), soit une hausse de 6,4  % de leur rémunération par rapport à 2017. Cette augmentation concerne aussi la ROSP médecin traitant de moins de 16 ans qui sera versée courant mai.

Au total, l'investissement financier global de l’assurance-maladie pour la ROSP des médecins traitants de l’adulte et de l’enfant s'élève à 266,7 millions d’euros, soit une hausse de 9,5 % (243,5 millions en 2017). Et ceci sans déclencher la clause de sauvegarde comme l'année dernière. En 2017, ce mécanisme inédit, prévu dans la convention médicale de 2016, a garanti aux médecins la stabilité de l'enveloppe globale face aux effets collatéraux du renouvellement des indicateurs de la prime, recentrée sur la pratique clinique.

Du bon sur la prescription

Dans le détail, le bilan de cette ROSP montre une amélioration franche des pratiques cliniques.

La bonne volonté des médecins n'est pas la seule en cause, la CNAM ayant décidé en 2018 de procéder à un réajustement des objectifs intermédiaires et cibles des indicateurs sur les trois volets (prévention, suivi des pathologies chroniques et efficience des prescriptions), jugés trop exigeants.

Dans un entretien exclusif au « Quotidien », Nicolas Revel, directeur général de l'assurance-maladie, annonce que 83% des 23 indicateurs de la ROSP (calculés par la CNAM, hors indicateurs déclaratifs) ont progressé. Très exactement, 19 sont au vert. 

Les médecins tirent leur épingle du jeu sur sept indicateurs d'optimisation et d'efficience des prescriptions. En 2018, « de nombreux médecins ont ainsi un taux d'atteinte élevé sur le volet efficience (en moyenne 71 %) », note la CNAM.

À l’inverse, les résultats sur les pathologies chroniques et sur la prévention restent « plus dispersés », respectivement 61 % et 59 %. Sur le volet de la prévention par exemple, pourtant priorité gouvernementale, des améliorations en matière de dépistage des cancers du col de l’utérus ou de dépistage du cancer colorectal restent encore à consolider (voir ci-dessous).

Bug informatique

Pas de quoi ternir la satisfaction de Nicolas Revel, convaincu que la rémunération sur objectifs de santé publique est un levier d'amélioration des pratiques cliniques des médecins. Si la dynamique est lancée, il reste encore à cette rémunération forfaitaire, introduite en 2012, à faire ses preuves l'année prochaine. 

Les résultats encourageants de la ROSP pour les médecins généralistes et leur déploiement aux spécialistes (les endocrinologues sont les prochains sur la liste) posent la question d'un éventuel plafond de verre. Car la ROSP a beau être intégrée dans les mœurs de la communauté médicale, elle n'en est pas moins acceptée à bras ouverts par tous les syndicats représentatifs. 

À peine les résultats affichés dans l'espacepro ameli, la FMF, très critique, est montée au créneau pour dénoncer un « bug de la CNAM ». Cette dernière n'aurait pas pris en compte dans le calcul de la ROSP les quatre indicateurs déclaratifs des médecins (examen des pieds chez le diabétique, évaluation du risque cardiovasculaire avant traitement, addiction au tabac et addiction à l'alcool) en plus de ses 23 indicateurs maison. « Il y a bien eu un problème technique où un zéro apparaît sur les quatre indicateurs mais cela n'a pas d'impact sur le niveau de la rémunération du médecin », se défend le patron de la CNAM. 

 

 

Loan Tranthimy