INDÉNIABLEMENT, c’est un succès. Début décembre, près de 12 600 médecins avaient adhéré au CAPI (contrat d’amélioration des pratiques individuelles). La population cible de ces contrats d’un nouveau type étant les 42 600 généralistes n’ayant pas opté pour un exercice particulier (type homéopathie ou acupuncture), Frédéric van Roekeghem, patron de l’assurance-maladie, n’était pas peu fier, en rendant publics ces chiffres, de préciser que 30 % des généralistes en capacité de signer un CAPI l’avaient déjà fait. « Ces résultats sont bons, commente-t-il sobrement, surtout quand on se rappelle l’opposition manifestée par une institution à ce contrat. » L’Ordre des médecins, pour ne pas le nommer... Mais Frédéric van Roekeghem aurait tout aussi bien pu parler de l’opposition des syndicats de médecins libéraux, nombreux à manifester leur désaccord vis-à-vis d’un CAPI qui les court-circuite en échappant à toute négociation conventionnelle.
Qui sont les signataires ? Bien difficile à dire, reconnaît la CNAM, car ces médecins ressemblent comme deux gouttes d’eau... à ceux qui n’ont pas adhéré au dispositif. Il n’y a pas de profil type du signataire du CAPI, précise Hubert Allemand, médecin-conseil national. « Nous avions tendance à penser que le CAPI serait surtout une opportunité pour les médecins ayant déjà de bons résultats sur les indicateurs retenus, continue-t-il, mais il n’en est rien. » Impossible, donc, de distinguer le signataire du réfractaire : mêmes taux, à quelques décimales près, pour la vaccination anti grippale, le dépistage du cancer du sein, le fond d’il ou la prescription de génériques..., pour n’évoquer que ces indicateurs.
De plus, « capistes » et « non-capistes » se ressemblent sociologiquement : même proportion de femmes, même proportion de secteur II, même âge moyen, et même part de médecins exerçant en zone rurale. Les signataires du CAPI sont à 79 % des hommes âgés de 52 ans en moyenne... tout comme leurs homologues non-signataires. CQFD. « Ce constat montre que le CAPI n’attire pas un profil particulier de médecin, mais s’adresse au contraire à toute la communauté des généralistes », conclut l’assurance-maladie.
Le ressort « confiance ».
Alors il convient de chercher ailleurs ce qui a déjà poussé un médecin sur trois à signer un CAPI. Frédéric van Roekeghem croit le savoir : « Les départements où les généralistes signent le plus massivement sont ceux où s’est installée une relation de confiance avec les caisses primaires », indique-t-il. De fait, la localisation géographique des signataires est assez contrastée (voir carte). 39 départements ont un taux de médecins signataires compris entre 30 et 57 %, parmi lesquels six présentent une proportion supérieure à 40 %. Enfin, environ 20 départements ont un taux inférieur à 20 %. Frédéric van Roekeghem indique à ce propos que « le sud-est est clairement la région de France qui a connu le meilleur taux de pénétration du CAPI ; en nombre de contrats signés, ce sont les Bouches-du-Rhône qui l’emportent, mais en pourcentage de médecins, ce sont les Alpes Maritimes ».
Il reste encore près de 30 000 généralistes susceptibles de signer un CAPI. Frédéric van Roekeghem sait bien qu’il ne les attirera pas tous, et il le reconnaît lui-même : « Dans un programme basé sur l’adhésion individuelle et sur le volontariat, obtenir la signature de 30 % de la population-cible visée, c’est en général la règle ». Cela n’empêche pas l’assurance-maladie d’avoir pour les non-signataires les yeux de Chimène. « Nous avons simplifié l’adhésion au CAPI, indique la CNAM, et évité toute charge administrative supplémentaire pour les médecins qui choisissent d’y adhérer ». De plus, le suivi des indicateurs contenus dans le CAPI est disponible en ligne sur le site ameli.fr (un site à la réforme, voir également ci-dessous). Chaque compte internet des signataires du CAPI reçoit en effet mensuellement les données relatives au médicament, et trimestriellement celles liées à la prévention et au suivi du diabète.
Reste la question du coût du dispositif, les signataires pouvant théoriquement espérer une prime d’un montant de plus de 5 000 euros s’ils respectent tous les indicateurs contenus dans le CAPI. Pour Frédéric van Roekeghem, « le dispositif a été conçu pour être autofinancé. Ces CAPI vont générer une augmentation du nombre d’examens de prévention, mais ces surcoûts seront compensés par l’engagement des signataires à prescrire de façon plus économe ».
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