Chargée par Bercy de plancher sur la transformation numérique de l’économie française, la mission Lemoine a identifié la santé comme l’un des secteurs porteurs de croissance et d’emplois, source d’économies dans un contexte marqué par la volonté gouvernementale de maîtriser les dépenses de santé.
Remis vendredi dernier à Marylise Lebranchu (Fonction publique), Thierry Mandon (Réforme de l’État et simplification) et Axelle Lemaire (numérique), ce rapport de plus de 300 pages piloté par Philippe Lemoine, entrepreneur et spécialiste du secteur, liste une quinzaine de mesures originales pour accélérer la transformation numérique dans la santé. Les auteurs entendent répondre aux nouveaux usages et attentes des patients et des professionnels, influencés au quotidien par Internet, l’essor des objets connectés, le développement des sites collaboratifs et l’apparition de la santé mobile.
Parcours de soins en ligne
La mission Lemoine propose de créer des « parcours patient 100 % numérique ». De la prise de rendez-vous à la prescription en passant par le paiement de la consultation, chaque étape du parcours de soins se ferait en ligne. Les ordonnances comme les résultats d’analyse seraient dématérialisés.
L’enjeu est financier. En France, entre 925 euros et 12 035 euros par patient et par an pourraient être économisés par le seul déploiement de la télémédecine sur le diabète, l’insuffisance cardiaque, l’insuffisance rénale et l’hypertension artérielle, indique le rapport, citant le livre blanc « Télémédecine 2020 ».
Par ailleurs, 5,6 millions de Français possèdent un objet connecté lié à la santé. D’ici à 2017, leur nombre pourrait doubler. Cet engouement génère un volume croissant de données personnelles que les médecins pourraient utiliser « de manière préventive ou pour améliorer le suivi des malades », suggère le rapport. Dès lors, pourquoi ne pas « rembourser ou subventionner » les objets connectés et les applications mobiles qui assurent ce rôle de prévention, après labellisation par les autorités compétentes ? Le rapport ne précise pas le nom de l’éventuel financeur (assurance-maladie, complémentaires santé, entreprise).
Incubateurs de cabinets connectés
La mission Lemoine estime que la création d’« incubateurs de cabinets médicaux connectés », c’est-à-dire de structures d’accompagnement de projets, permettrait d’« innover en permanence » et de mieux répondre aux besoins des médecins, notamment des plus jeunes. Ces derniers pourraient aussi bénéficier d’une formation aux pratiques numériques, élaborée en concertation avec les syndicats professionnels. Cette formation, sous la forme de MOOC ou de « serious game » (jeu vidéo pédagogique), pourrait elle aussi être numérisée.
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