Les généralistes ne sont pas encore remplacés par des services d’intelligence artificielle (IA), mais l’histoire vécue au mois de mars par un patient de Reigny (Cher), Michel Argan, a de quoi faire réfléchir. Cet homme de 53 ans a échappé à une perforation de la vésicule biliaire et à une péritonite, suite à une cholécystite aiguë non diagnostiquée par son médecin traitant qui avait conclu à une simple colopathie.
Il a fallu que le patient interroge en ligne ChatGPT, l’agent conversationnel d’OpenAI utilisant l’intelligence artificielle, pour éveiller les soupçons du généraliste qui l’a envoyé sans délai aux urgences où il a subi une cholécystectomie par cœlioscopie.
Ce n’est pas la première fois que ChatGPT s’illustre sur le plan médical. Au mois de mars déjà, un internaute avait raconté comment il avait sauvé sa chienne en faisant appel à ce service, alors que les vétérinaires qu’il avait consultés, étaient passés à côté du diagnostic. Le site Numerama et le « New York Post », notamment, se sont fait l’écho de cette histoire.
« J’ai simplement décrit mes symptômes de manière assez détaillée, tapé les résultats de l’analyse de sang que mon médecin m’avait prescrite… et boum ! ChatGPT m’a sorti le diagnostic », raconte sur Twitter Michel Argan qui précise avoir utilisé la version 4 du chatbot, la plus récente. Il alertera son médecin dans la foulée qui prendra conscience de son erreur.
Mea culpa du généraliste
Contacté par « Le Quotidien », le généraliste fait son mea culpa. « Bien sûr que je m’en veux, j’ai manqué de vigilance. Mais ça peut arriver à n'importe quel confrère de passer à côté d’un diagnostic. Heureusement que ChatGPT était là ! », confie le praticien qui exerce en solo dans la région de Châteauroux. Cet épisode malheureux lui a fait prendre conscience de l’intérêt des nouvelles technologies dans son quotidien. « C’est vrai que je réfléchis à utiliser ChatGPT pour confirmer un diagnostic ou dans certaines pathologies où il est devenu très difficile d’avoir l’avis d’un spécialiste », raconte-t-il.
Sur Twitter, Laurent Alexandre s’est rapidement emparé de cette histoire vécue. « C’est la démonstration que l’intelligence artificielle peut aujourd’hui remplacer certains praticiens », a immédiatement twitté le médecin qui prédit la disparition de certains spécialistes au profit de l’IA.
Des IPA épaulées par ChatGPT… un forfait IA dans la ROSP ?
Laurent Alexandre n’est pas le seul à se saisir du sujet. À l’origine d’une proposition de loi sur l’accès direct aux infirmières de pratique avancée (ainsi qu’aux kinés et orthophonistes), la députée du Loiret et rhumatologue, Stéphanie Rist, imagine déjà la suite. Avec ChatGPT, les IPA disposeront d’un atout supplémentaire pour prendre en charge directement les patients et établir certains diagnostics avec l’aide de l’IA… sans passer par la case médecin. Une avancée qui pourrait changer la donne dans l’accès aux soins, estime la députée.
Ce n’est pas tout. Selon une information qui a fuité il y a quelques jours, Annick Morel, chargée d’élaborer la future convention après l’échec des négociations, envisage d’intégrer l'IA dans le calcul de la ROSP.
Les médecins qui accepteraient de faire appel au service pour valider leur diagnostic toucheraient un forfait IA, calculé sur plusieurs critères basés sur l’équipement informatique du médecin : version de ChatGPT utilisée, vitesse d’horloge du processeur de son ordinateur, existence ou non d’une connexion Wifi dans le cabinet. « C’est limpide, on ne peut pas faire plus simple ! D'ailleurs, ChatGPT a validé le concept », commente une source proche du DG de l’Assurance-maladie, Thomas Fatôme. Pour les médecins, « cela représentera en moyenne l'équivalent d'un quinzième mois de salaire ! », se félicite cette même source.
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