Adoré de ses patients, le Dr Patrick Laine, 71 ans, va finalement partir à la retraite à la fin du mois de mars 2021. Avec sa femme, le généraliste installé dans la commune de Saulnot en Haute-Saône a décidé de faire don de sa maison médicale à la commune pour, espère-t-il, favoriser l’installation d’un jeune médecin. Cette décision a été mûrement réfléchie.
Depuis plus de cinq ans, le praticien a multiplié ses démarches pour trouver un successeur. En 2015, il s’est d’abord tourné vers l’Ordre des médecins, l’agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne Franche-Comté puis les services d’une société de recrutement « chèrement payée », sans succès.
En 2016, il a fait publier une annonce sur le site Leboncoin, pour céder sa clientèle, tout le matériel médical et l’informatique du cabinet. Mais là aussi, aucun candidat ne s’est montré intéressé. Sans se décourager, le Dr Laine avait publié une pétition pour demander la mise en place d’une contrainte (temporaire) d’installation pour les nouveaux généralistes. Il préconisait ainsi de créer une « obligation de service d’intérêt public » d’un an dans les territoires sous-dotés, pour les jeunes généralistes, avant leur libre installation. Mais le médecin, qui déclare 2 000 patients et « travaille comme deux médecins », n’a toujours pas trouvé de successeur.
Pas de temps pour un interne
« Les jeunes ne souhaitent plus travailler comme nous, les anciens. Notre charge de travail fait peur. Mais je ne leur en veux pas. Ils veulent un exercice regroupé, privilégient le salariat et ils n’ont aucune de notion de ce que peuvent être la campagne et la qualité des relations avec la population », confie le généraliste de 71 ans au « Quotidien ». « J’avais un remplaçant qui était très bien mais est finalement parti pour faire de la chirurgie. Puis un autre qui était intéressé mais sa femme l'était moins en raison de la situation géographique », ajoute-t-il. Pourtant Saulnot n’est pas le « trou du cul du monde », assure le praticien, car la commune dispose de quelques atouts comme une école primaire, une pharmacie, un hôpital général à 15 km…
Le médecin regrette cependant de n’avoir pas été maître de stage. « C’était certainement une erreur. Mais je n’avais pas de temps pour prendre un interne », confie-t-il. Aujourd’hui, le Dr Laine laisse la main à la mairie et laisse aux quatre communautés de commune la lourde tâche de trouver une solution. L’ensemble du cabinet légué de près de 400 000 euros totalise 400 m2. « Il y a largement de la place pour en faire deux cabinets médicaux », dit-il. Après sa retraite, le médecin veut rester sur la commune mais n’envisage pas du tout un cumul emploi retraite.
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