Ce 1er juillet, jour de la mise en place du tiers payant pour les femmes enceintes et les personnes en ALD, plusieurs syndicats et associations de médecins libéraux continuent à appeler à la désobéissance civile.
L'Assurance-maladie s'est engagée à assurer au médecin un paiement dans les sept jours ouvrés et elle devra verser des pénalités aux médecins en cas de retard mais la pilule ne passe toujours pas.
La CSMF dénonce « un discours démagogique bien loin de la réalité technique que vivent les médecins ». Le syndicat craint notamment des retards de paiement à cause des « patients nombreux à ne pas présenter de carte Vitale et les dysfonctionnements actuels du tiers payant ».
Quant à la plateforme d’accompagnement des médecins, ouverte de 8 heures à 17 heures du lundi au vendredi, jusqu’à 20 heures le mercredi et le jeudi, « elle est loin de couvrir les besoins des médecins qui travaillent dans leurs cabinets de 8 heures à 20 heures, la permanence des soins prenant le relais la nuit et le week-end », regrette la CSMF.
Le syndicat s'interroge sur la nécessité de ce dispositif qui sera rendu obligatoire pour les patients couverts à 100 % à partir du 31 décembre 2016 — la dispense d'avance de frais sera un droit pour tous les Français sur la part Sécu à partir du 30 novembre 2017. Selon la CSMF, le tiers payant se veut social mais « ne réglera pas les véritables problèmes d’accès aux soins, sur le dentaire, l'optique, les audioprothèses ».
« Ne pas mettre le doigt dans l'engrenage »
Du côté de l'Union française pour une médecine libérale (UFML), la coupe est pleine. « L'Assurance-maladie, qui rembourse les patients ALD et les femmes enceintes, le fait avec retard puisque, selon elle, ces patients qui n'ont pas d'aides ont des difficultés économiques. Dès lors, qu'en sera-t-il des médecins ? », se demande l'UFML, pour qui le TPG est du « foutage de gueule », et ne résoudra pas les difficultés des Français, pas plus que la crise démographique médicale.
Pour l'UG, la branche généraliste de la Fédération des médecins de France (FMF), il est « difficile de se moquer à ce point des médecins ». « Il paraît qu'au 1er juillet, même si ce n'est pas obligatoire, nous "pourrons" faire le tiers payant aux patients en ALD et en maternité, qui sont à 100 % chez Madame Lacaisse », ironise le syndicat, qui rappelle que le tiers payant est déjà largement pratiqué en ALD par les médecins secteur I.
Coméli 33, la coordination de Gironde pour une médecine libre, appelle aussi ses confrères à ne pas mettre « le doigt dans l'engrenage ». « Cette généralisation du tiers payant doit être appliquée pour les ALD et les femmes enceintes, méprisant ainsi les médecins qui, par habitude, pratiquent déjà le tiers payant social chez des patients en difficulté financière », note la coordination girondine.
Selon les chiffres de la CNAM, la dispense d'avance de frais est déjà pratiquée par les médecins généralistes pour 66 % de leurs actes aux patients en ALD et 56 % pour les patientes enceintes. Chez les spécialistes, ces taux sont respectivement de 76 % et 39 %.
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