Le mouvement de colère de la médecine libérale contre la loi de santé trouvera-t-il un nouvel élan ? La question est posée trois mois après la démonstration de force des praticiens dans la rue, le 15 mars à Paris, toutes générations confondues, puis l’adoption du projet de loi de santé par les députés.
Alors que le texte arrivera au Sénat fin juillet (en commission) et mi-septembre en séance publique, les initiatives fleurissent en ordre dispersé, sur fond de campagne syndicale préélectorale et de renaissance des coordinations locales.
En découdre, mais comment ?
L’assemblée générale des coordinations, samedi 13 juin à l’hôpital Cochin (Paris), a été révélatrice des difficultés à canaliser la colère médicale et à arrêter de nouvelles actions unitaires. Ce jour-là, 200 médecins désireux d’en découdre n’ont pas réussi à s’accorder sur la suite du mouvement. Journées « santé morte », projets de déconventionnement, chartes de désobéissance civile : tout a pourtant été passé en revue.
Dans de nombreux secteurs, l’exaspération est à son comble. À Quimper (Finistère), 42 cabinets de généralistes sur 44 étaient fermés mardi 16 et mercredi 17 juin. À Roanne (Loire), 90 généralistes avaient fermé leur cabinet entre le 18 et le 20 mai. La Saône-et-Loire organisera en septembre une marche entre Chalon-sur-Saône (sous-préfecture) et Chateau-Chinon (Nièvre), première sous-préfecture sans aucun généraliste : 200 praticiens et de nombreux patients s’y sont inscrits.
Dans le Nord, les Pyrénées-Atlantiques, les Alpes-Maritimes, les Yvelines, le Val d’Oise, des actions spontanées se sont déclenchées, avec le soutien parfois opportuniste de syndicats représentatifs. Beaucoup de médecins font valoir que la généralisation du tiers payant commence dès le 1er juillet 2015 avec les bénéficiaires de l’ACS. Tous redoutent une usine à gaz...
Blocage sanitaire
Certains leaders défendent la méthode forte. À Cochin, le Dr Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML), a harangué les troupes : « l’État met la main sur nos vies, nos pratiques et nos prescriptions, il faut un mouvement de fermeture total, illimité, sans PDS et sans réquisitions ». Même tonalité martiale chez le Dr Philippe Cuq, vice-président du BLOC : « la seule façon de faire plier le gouvernement, c’est le blocage sanitaire national, avec une date de début et pas de date de fin. Sinon on va tous mourir ». Le président du SML a suggéré (en vain) un arrêt des soins entre fin juillet et début août. Mais empêtrés dans des calendriers (législatif, électoral) n’incitant pas au jeu collectif, les participants ont acté que les décisions attendraient septembre.
MG France prépare déjà la grève. Le syndicat de généralistes propose aux médecins de famille de programmer « une fermeture reconductible de leurs cabinets », à partir du 5 octobre. Il organise aussi un recours collectif des spécialistes en médecine générale pour réclamer l’inscription de la majoration MPC dans leur nomenclature. Pas en reste, l’UNOF (CSMF) a décidé, au-delà de la grève administrative, d’amplifier son mouvement tarifaire « une consultation, un motif ». Et à propos du futur tiers payant généralisé, son mot d’ordre en dit long : « désobéissance civile...».
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